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4 Avr 2016 | Pression normative
 

Fumeurs lycée mineursLa justice administrative va-t-elle se prononcer sur le bras de fer que se livrent actuellement les proviseurs – autorisant temporairement des « zones fumeurs » dans les lycées (voir Lmdt des 3 et 4 février) – et les associations anti-tabac qui dénoncent « une violation caractérisée de la loi Evin (voir Lmdt des 31, 30 et 29 mars). Selon un article du Monde – daté de ce mardi 5 avril -, en attendant, les proviseurs revendiquent « assumer le choix du moindre mal ».

« Nous ne sommes pas des procéduriers, nous souhaitons d’abord faire un exemple » se justifie Gérard Audureau (Droit des non-fumeurs), qui a saisi en référé, ce mardi 29 mars, (avec le Comité national contre le Tabagisme), le tribunal administratif de Cergy-Pontoise concernant le lycée Paul-Lapie de Courbevoie. Jugement attendu le 13 avril pour savoir s’il avait le droit d’établir des zones fumeurs. DNF ayant également déposé des requêtes sur le fond à l’encontre de deux lycées parisiens (Voltaire et Rodin) et n’excluant pas d’attaquer au pénal pour les mêmes motifs.

Mais l’article du Monde met surtout en avant les arguments pragmatiques des proviseurs : ils ont choisi entre deux maux, celui qu’ils jugent être le moindre.

Depuis le 14 novembre, au lycée du Parc à Lyon, l’une des quatre cours intérieures est ainsi réservée aux fumeurs. Une décision prise « avec l’accord de la communauté éducative » tient à préciser le proviseur Pascal Charpentier. En quatre mois, un seul parent d’élève – « et encore pas de ce lycée » – s’en est plaint, mais « dans la situation d’état d’urgence qui est la nôtre, cette tolérance est à mes yeux une décision responsable, assumée, partagée », insiste-t-il.

« La réalité c’est que chaque jour devant tous les lycées de France, à 10 heures, 12 heures, 14 heures, puis 16 heures, des dizaines voire des centaines de jeunes se rassemblent sur le trottoir le temps d’une pause cigarette : mon lycée ne fait pas exception » continue le proviseur, « j’ai parfois vu des dealers profiter de l’occasion pour approcher les plus jeunes. Mais, jamais, jamais, les associations anti-tabac ».

Nombre de proviseurs partagent le même sentiment de « baigner dans l’hypocrisie », souligne Le Monde. « On feint d’ignorer que les jeunes trouveront toujours un lieu où fumer, que ce soit dans les toilettes ou derrière un arbre au fond de la cour … On pinaille sur ce qui « est » ou « n’est pas » spécifiquement de notre ressort, comme si notre responsabilité s’arrêtait aux grilles du lycée ».

Nombre de chefs d’établissements contactés par le quotidien confirment qu’« autour d’eux, la tolérance est de mise ». « Sur le plan légal, les pouvoirs publics nous laissent seuls face à la hiérarchie des normes, or pour nous, ce qui prime, c’est la hiérarchie des risques » assure l’un d’eux.