Trois semaines après le saccage de son tabac-presse, lors de la nuit d’émeutes du vendredi 30 juin dans le quartier Saint-Jacques à Châteauroux, le buraliste a pu rouvrir son commerce. Il reste marqué par cet épisode traumatisant (voir aussi 4 juillet). Témoignage dans La Nouvelle République.
Il se revoit au lendemain du pillage. Découragé. Anéanti par l’ampleur des dégâts. Réveillé par l’alarme de la télésurveillance, il s’était précipité sur les lieux au milieu de la nuit.
•• « La vitrine avait été explosée et le rideau de protection arraché. J’ai retrouvé les rayonnages de cigarettes vides et le magasin sens dessus-dessous. La marchandise qui n’a pas été emportée avait été détrempée par l’eau utilisée après le déclenchement du générateur de brouillard opacifiant. Quand on voit un tel bazar, on ne sait même pas par quoi commencer.
Heureusement, j’ai reçu beaucoup de soutiens des gens du quartier et l’aide de deux collègues buralistes, dont le président de la fédération départementale des buralistes de l’Indre, Nicolas Pinot. Ils m’ont épaulé dans les démarches. Il y a même un client qui est venu m’aider à nettoyer. »
Pendant les trois semaines qui ont suivi, le buraliste s’est donc débattu avec les formalités administratives. Assurances, devis des entreprises pour remplacer le matériel cassé, suspension des livraisons de marchandises auprès des fournisseurs, opérations de nettoyage. « Trois semaines de galère. Sans compter que c’était aussi compliqué, psychologiquement. Quand on est actif et que la routine s’arrête brutalement du jour au lendemain, on se retrouve sans repères. C’est dur à gérer », reconnaît celui qui attend à présent le chiffrage précis des dégâts … et des indemnisations.
Il sait qu’il a perdu « au moins 10 000 euros de marchandises ». S’y ajoutent les destructions, le remplacement de la caisse et du mobilier détruits, et la perte d’exploitation pendant les trois semaines d’interruption de son commerce. « Oui, on est assuré. Mais tout le monde sait qu’on laisse toujours un peu de plumes dans ce genre de problèmes. Il va me falloir du temps pour remonter la pente, aussi, sur le plan financier. »
•• En quinze ans, c’est la première fois que son commerce est pris pour cible dans le quartier. « On sait que notre métier nous confronte à ce type de risque. On y pense toujours, plus ou moins. On apprend à vivre avec. » Mais la confrontation brutale avec la réalité « a cassé un petit truc » en lui, avoue le buraliste qui reste marqué par les événements.
Tout arrêter ? Il y a pensé sur le moment. « Mais très vite en se dit que c’est notre gagne-pain et qu’on ne peut pas abandonner. On relativise, aussi, quand on voit ce que d’autres, ailleurs, ont subi. Certains ont vu leur outil de travail complètement détruit. Le mien est encore debout. J’ai au moins eu cette chance. » Photo : NR