•• Calvados
Dans la nuit du 2 au 3 juillet, une cinquantaine de casseurs, cagoulés et habillés en noir, ont semé le trouble au niveau du centre commercial du quartier de Hauteville à Lisieux. Le bureau de tabac, pillé deux jours plus tôt, a cette fois été incendié. L’importance du feu a conduit à l’évacuation de 50 habitants de l’immeuble adjacent, et au confinement de 50 autres.
L’intervention des pompiers a été retardée par les nombreux tirs de mortiers et l’agressivité des émeutiers.
« C’est inadmissible. Nous avions renforcé le dispositif de sécurité samedi, la nuit avait été plus calme. Là, on a franchi un cap avec l’incendie de ce commerce. Nous continuerons à être présents sur le terrain afin d’assurer la sécurité des habitants », a réagi le préfet, Thierry Mosimann, qui s’est rendu sur place pour constater les dégâts.
•• Indre
La nuit de vendredi 30 juin à samedi 1er juillet a été longue pour un buraliste de Châteauroux. « Ils ont dévalisé tout le tabac, et une grande partie de la marchandise a été trempée par le générateur d’humidité » explique-t-il à La Nouvelle République.
« Je suis encore perdu. Je ne sais pas comment je vais m’en remettre .» Derrière lui, son fils passe l’éponge, mutique, sur les linéaires. Il était environ minuit 20 quand l’alarme s’est déclenchée. Une trentaine de jeunes cagoulés attisaient les flammes face aux autorités, quand quelques-uns ont pris la direction tabac-presse … Ils ont forcé le rideau de fer, et éventré la baie vitrée.
•• Drôme
« Quand j’ai appris dans la soirée du 1er juillet que des gens avaient attaqué l’établissement, je suis tout de suite allé sur place » raconte un buraliste de Romans-sur-Isère au Dauphiné Libéré. « Ils ont endommagé un rideau métallique, mais n’ont heureusement pas réussi à s’introduire à l’intérieur. »
Au-delà de l’énervement, il y a chez lui de l’amertume. « Depuis qu’on a repris l’affaire en 2022, on a apporté de nouveaux services à nos clients et au quartier. On fait relais colis, on a un service de transfert d’argent, on est ouvert sept jours sur sept alors, c’est vrai que c’est assez décevant de voir qu’on nous attaque. »
« On a vu avec l’assurance, qui nous explique qu’elle ne peut pas mettre un vigile en protection statique sur notre commerce. Il y a tellement de demandes de sécurité privée en ce moment qu’elle ne peut nous proposer que des patrouilles régulières, mais maintenant qu’un premier rideau est endommagé, s’il n’y a personne, ils vont réussir à entrer pour tout piller, alors on va le protéger nous-mêmes », poursuit cet ancien militaire, qui comptait bien s’installer dès dimanche soir devant son tabac pour empêcher quiconque d’y entrer.
« Le problème, c’est qu’on va devoir être fermé le temps des réparations. Et on a des employés à payer. »
•• Aube
« La veille, ils ont voulu entrer par-derrière ; cette fois, ils sont passés par-devant » témoigne, pour L’Est Éclair, le patron d’un tabac-presse à La-Chapelle-Saint-Luc (près de Troyes) . Voilà onze années que le couple s’est immergée au cœur de ce quartier en proposant aux gens « un maximum de services ». Ils ont été prévenus de l’intrusion vers 3 heures du matin, le 1er juillet, mais ne sont allés sur place qu’à 6h30.
Les pillards ont volé « les paquets de cigarettes et les vapoteuses », plus deux ordinateurs. Mais ils n’ont pas pu accéder aux cartes à gratter et au fond de caisse. Sans surprise, « ils n’ont pas touché à la presse ». Plein de haine, ils ont fait dans le vandalisme gratuit : « ils ont renversé le frigo aux boissons (… après l’avoir vidé), l’installation de la FDJ, la borne PMU, etc. », détaille la buraliste, profondément écœurée.
D’après le pharmacien voisin, « c’était comme dans un film montrant une guerre civile. Les assaillants jetaient des pierres sans se demander qui allait les recevoir, un passant ou une maman. Ils pouvaient tuer quelqu’un ! Pour l’essentiel, c’était des « petits », des 12-14 ans. Quand ils ont réussi à entrer dans le tabac-presse, ils ont hurlé « ouaaaiiis ! » comme s’ils avaient marqué un but dans un match de foot.
À aucun moment ils ont pensé qu’ils s’en prenaient à un lieu très fréquenté par la population du quartier ».