Le tabac-presse de Lydie Benoist dans le quartier des Couronneries à Poitiers (Vienne) a brûlé le 30 juin dernier lors des émeutes. Soutenue par ses clients, elle n’a pas le sentiment de l’être par les pouvoirs publics pour pouvoir rouvrir (voir 23 septembre).
« On remplit plein de papiers mais on n’a pas plus de nouvelles » témoigne-t-elle dans La Nouvelle République. « La cellule de crise qu’on nous avait promise ? On l’attend toujours. Le Préfet ? On l’a vu une fois. Il nous a dit : on se reverra bientôt. Je ne l’ai jamais revu. »
•• Aux dernières nouvelles, ce qui reste du Mag Presse devrait être rasé au début de cette année. Si tout se passe bien, Lydie et ses collègues sinistrés, ceux qui n’ont pas renoncé, pourraient retrouver des magasins tout neufs en 2025. Bonne nouvelle : l’assurance va indemniser une grande partie de ce qui a été perdu. Pas tout (ndlr : rappelons aussi l’aide exceptionnelle négociée par La Confédération des buralistes de 10 000 euros / voir 8 août 2023).
Lydie Benoist s’estime chanceuse malgré tout : son collègue de la Plaine d’Ozon à Châtellerault ne sait toujours pas s’il pourra rouvrir une boutique et où. Pour gagner sa vie, il a dû faire une saison en Savoie…
•• Elle, elle a bénéficié du soutien sans faille de son collègue des Héliotropes, Hervé Vindevogel (récemment élu président des buralistes de la Vienne). Non seulement il a repris les employés de Lydie Benoist qui l’ont souhaité mais elle-même remplace, comme salariée, Hervé à la tête de sa boutique trois jours par semaine.
Quand elle n’est pas au travail, Lydie a tout le temps de contempler le visage meurtri de son quartier. Elle reste persuadée que « c’est pas des jeunes du quartier qui ont fait ça ».
Elle espère : les bouchers ne reviendront pas mais un boulanger a promis de revenir s’installer ; la Poste, on ne sait pas encore : « nous, quand on va rouvrir, ça va faire un sacré appel d’air. On va faire un gros truc pour attirer les gens. » Lydie Benoist, en dépit du temps qui passe, veut y croire. Elle s’interdit d’écouter ceux, rares, qui lui lancent : « c’est pas la peine de reconstruire, ils remettront le feu. »