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14 Déc 2023 | Institutions
 

À trois semaines de cette 5ème édition, portée par les associations, les médecins demandent aux autorités la preuve de leur engagement. Dans un courrier que sest procuré Le Parisien, 48 addictologues de toutes les universités de France réclament expressément à Aurélien Rousseau dafficher son soutien sans équivoque au « Défi de janvier », le mois sans alcool (« Dry January, voir 21 et 9 janvier 2023).

Parmi les signataires, laddictologue Amine Benyamina (en charge dune mission sur les conduites addictives chez les jeunes, voir 11 décembre) enfonce le clou : « Les preuves scientifiques on les a ! Réduire sa consommation permet de mieux dormir, de diminuer sa tension artérielle et le taux de sucre dans le sang. On ne comprend pas que le ministère ne soutienne pas une campagne en faveur de la santé. »

•• Leur rancune prend racine fin 2019, rappelle Le Parisien. Très populaire, le « Dry January », né en Angleterre quatre ans plus tôt, s’exporte outre-manche. La France se prépare à lancer l’opération.

« En novembre, jai été convié à découvrir la campagne dans les locaux de Santé publique France », raconte Bernard Basset, président de lassociation Addictions France, « le budget était fixé, tout était prêt. » Mais le projet ne plaît pas au syndicat des vignerons de la Champagne qui le fait savoir au chef de l’État lors d’un déplacement dans la région le 14 novembre. Coup de théâtre, le gouvernement retire son soutien à l’opération, laissant aux associations le soin de l’assumer seules, en dehors de toute politique publique. Bernard Basset tombe de sa chaise, encore ému de cette volte-face, annoncé de surcroît par la filière.

•• Depuis, d’autres polémiques ont émaillé la confiance.

En janvier, Vin et société, le principal lobby français du vin écrit une missive incendiaire à Emmanuel Macron après la diffusion d’un spot de prévention (voir 11 janvier). Le clip ne sera jamais rediffusé.

En prévision de la Coupe du monde de rugby de novembre, Santé publique France est cette fois amenée à travailler sur une nouvelle campagne. Un coach de supporters rappelle : « Ne laissez pas lalcool vous mettre KO ». Elle ne verra jamais le jour. Fin septembre, un spot est finalement retenu. Et il indigne les soignants. Elle appelle à « boire aussi de l’eau » lorsqu’on consomme de l’alcool.

•• L’ancien ministre de la Santé, François Braun, a accepté de répondre au quotidien. « Jassume ! Jai décidé darrêter ces deux campagnes car je les trouvais nulles » se défend-il. « C’était ma décision, leur message trop négatif ne collait pas du tout avec lidée de la prévention que jen avais. En France, on a réussi à faire diminuer la consommation de tabac, pas lalcool, preuve quil faut changer de méthode. » Quant à l’influence des lobbies, François Braun l’assure : « Des pressions ? Je ne les ai jamais rencontrés … »

Contacté, le ministère de la Santé répond qu’« Aurélien Rousseau, déterminé, veut sengager sur une politique générale contre lalcoolisme  ».

Les représentants de Vin et Société, eux, confirment s’être opposés à l’une des campagnes et au soutien de l’État au « Défi de janvier »: « comme acteur légitime, nous avons notre mot à dire. Nous prônons la modération. Mais si demain, lobjectif est labstinence, nous ne pouvons être daccord. On la fait savoir à Emmanuel Macron et au gouvernement, ce sont eux qui ont ensuite tranché. » Quant aux possibles pressions, ils ripostent : « on nous prête une influence sans commune mesure. Cest un fantasme. »