Une opération de contrôle des Douanes s’est déroulée, ce 10 août, sur le port de commerce de Bastia. Une dizaine d’agents a procédé à des contrôles de véhicules débarquant des navires en provenance d’Italie pour chercher des cigarettes de contrebande.
Le trafic illicite de tabac est en expansion sur l’ile, alimentant les préoccupations quant à ses répercussions sur l’économie et l’emploi en Corse rapporte Corsenetinfos dont nous reprenons les informations.
Malgré cette mobilisation, aucune saisie n’a été enregistrée. Un constat inattendu car au cours de l’année dernière, les saisies de tabac ont atteint un total de 146 kilos, ce qui en fait la marchandise de contrebande la plus saisie par les Douanes locale, largement devant le cannabis (20 kilos) et la cocaïne (3 kilos).
•• « En Corse, on n’a pas de grosses saisies de drogues ou de tabac, car c’est un marché de destination et non un marché de transit, comme vous pouvez l’avoir sur le continent. Les quantités que nous confisquons sont stables d’une année sur l’autre, et le plus souvent, cela concerne des cigarettes » précise l’adjoint au chef divisionnaire des Douanes de Haute-Corse. « La majeure partie des saisies s’effectuent sur le port, et le reste est réparti de façon marginale entre l’aéroportuaire et le fret postal, bien que ce dernier connaisse un essor ces dernières années ».
Une méthode exploitée pour introduire illégalement des marchandises sur l’île est le transport par camion, où des chauffeurs profitent de cargaisons légales pour dissimuler des produits illicites. Les autorités ont récemment intercepté un camion transportant 12 kilos de tabac à chicha, cachés parmi des conteneurs plus volumineux. « On ne saisit pas forcément de grandes quantités, peut-être une dizaine de kilos à chaque fois, mais à l’échelle de la Corse, ça fait beaucoup ».
•• La coopération étroite entre les Douanes et les buralistes de Corse joue également un rôle majeur dans la lutte de la contrebande de tabac. Les 213 buralistes de l’île, travaillant sous l’autorité des douanes, sont en première ligne pour détecter toute activité suspecte. Les buralistes redoutent que l’alignement des prix du tabac en Corse avec ceux du continent ne stimule la contrebande.
« Les collègues du sud m’appellent pour me dire qu’ils voient beaucoup de paquets colorés, comme il y en a encore en Italie, alors que nous sommes passés au paquet neutre » avance José Oliva, buraliste à Borgo et président de la fédération des buralistes de Corse (voir 13 août), présent à l’opération de jeudi sur le port de Bastia. « Pour l’instant, on ne peut pas être certain que ça soit de la contrebande, mais sûrement de la consommation personnelle du touriste qui vient en Corse, mais il faut rester prudent ».
Depuis l’année dernière, un rattrapage fiscal a été mis en place pour aligner les prix du tabac en Corse avec ceux du continent d’ici à 2026. La crainte des buralistes, c’est que les clients aillent se fournir en Italie, où le paquet est à 5,60 euros, et que l’alignement des prix fasse grandir la contrebande de cigarettes (voir 13 mars).
•• Car derrière la contrebande, c’est tout un secteur économique qui est susceptible de vaciller. À Furiani, l’usine Macotab est la dernière fabrique à cigarette de France, qui produit 80 % du marché corse (voir 12 février).
Si le tabac venu illégalement de l’étranger s’installe sur l’île, José Oliva prévient que les conséquences seraient désastreuses en termes d’emplois : « s’il y a une vraie baisse de volume, ça sera difficile de conserver l’usine qui ne sera plus rentable, parce que l’écart entre ce que nous proposons et les prix pratiqués ailleurs sera trop grand. Si le secteur s’effondre à cause de la contrebande, ce n’est pas que la Macotab qui fermera, mais aussi tout le réseau des buralistes. Il y aura un effet boule de neige, avec en tout 900 emplois en jeu. On a peur de la casse sociale ».