En janvier 2017, les douanes avaient reçu une information anonyme assez complète sur le trafic de cigarettes de contrebande, à grande échelle, d’une boutique « taxiphone » de Perpignan.
Ce mardi 10 novembre, après pas mal de temps … de longues détentions provisoires et des placements sous contrôle judiciaires, cinq prévenus se retrouvaient face à leurs juges.
Dès le démarrage de l’enquête, des trajets, en convoi vers Andorre, sont rapidement avérés : une quarantaine de voyages en 5 mois. Et le mode opératoire dévoilé.
•• Une équipe était chargée d’acheter les cigarettes en Andorre, une autre avait recruté des clandestins venant d’ un village algérien pour leur faire porter la marchandise à dos d’hommes dans la montagne andorrane. Et enfin, un groupe récupérait le tabac après la frontière et l’acheminait à Perpignan, dans le quartier du Haut-Vernet. Là, les cigarettes étaient écoulées depuis la boutique de taxiphone.
De fait, les clients se pressaient aux portes de l’officine et ne restaient qu’une minute sur place. Un peu court pour téléphoner à l’étranger…
•• Un déchargement a même été filmé devant le domicile d’une jeune femme, compagne du responsable présumé. Lors des perquisitions, 233 cartouches ont été retrouvées chez elle, ainsi que 27 000 euros en liquide et une centaine de cartes SIM.
Dans les écoutes, on entend des clandestins passeurs supplier leur responsable de pouvoir arrêter de marcher. Ils évoquent des pieds gelés, durs comme de la glace, et l’épuisement …
Dans le taxiphone, les enquêteurs ont estimé un rythme de vente de tabac de contrebande se situant entre 20 et 50 cartouches par jour. Soit un bénéfice de 25 000 euros par mois, une fois les frais de logistique déduits du chiffre d’affaires.
•• Lors du procès, les avocats de la défense ont donné l’impression d’avoir un seul but : faire tomber la prévention de délit commis en bande organisée. Mais le parquet n’ a pas eu de mal à démontrer l’implication et le rôle de chacun au sein de ce qu’il considère bel et bien comme un réseau organisé.
En définitive, le tribunal a déclaré chaque prévenu coupable, tout en demeurant un peu plus clément que les réquisitions. L’homme considéré comme l’organisateur de réseau a été condamné à 3 ans avec mandat de dépôt et ses complices à des peines allant de 9 mois à 2 ans ferme.
(Voir 6 novembre, 23 et 21 octobre).