« La contrebande fait un tabac dans l’Allier » … La Montagne du 4 janvier (édition Vichy) y consacre sa une et une double page au sujet. Extraits …
Pour Laurent Mazal, président de la fédération des buralistes Auvergne-Forez (et administrateur de la Confédération), il y a plus que jamais urgence à agir contre les trafics de tabac. Car le porte-parole des 160 buralistes de l’Allier connaît les données du problème par cœur.
•• D’abord ce chiffre qui rappelle que la consommation de cigarettes de contrefaçon représente (à elle seule) 18,8 % de la consommation totale dans les seuls secteurs de Vichy et Montluçon. Il y a aussi cette part de cigarettes de contrebande, issues d’un commerce illégal ( dont la contrefaçon), qui s’élève à 47,8 % dans le bassin de Montluçon sur les trois premiers trimestres de 2022.
Un fléau « qui menace clairement le monopole des buraliste », tonne Laurent Mazal regrettant que ce recours à des cigarettes issues de marchés parallèles ne soit presque plus tabou, et que « certains clients assument s’y fournir », notamment parce que les paquets y sont moins chers.
•• En plus de nuire à l’activité des professionnels du secteur, les trafics de cigarettes posent un problème de santé publique, car les gens ne savent pas toujours ce qu’ils fument vraiment. D’où l’enjeu d’une sensibilisation constante passée notamment, à l’automne dernier, par une vaste campagne de communication (voir 2 septembre) le tout pour rappeler les risques sanitaires liés à la consommation de cigarettes de contrefaçon, mais aussi souligner que derrière ces marchés illicites « se cachent souvent des réseaux mafieux internationaux ».
Il y a aussi un travail engagé « entre les buralistes, les pouvoirs publics et l’État », précise Laurent Mazal. Début 2022, une convention nationale a été signée entre la Confédération de buralistes et les ministères de l’Intérieur et des Comptes publics, afin de lutter contre ces marchés parallèles de tabac (voir 8 février 2022). Une convention dont Laurent Mazal espère qu’elle puisse vite porter ses fruits localement. En attendant, les buralistes « peuvent aussi compter sur les forces de l’ordre et le parquet » pour mener la lutte.
•• Pour les buralistes montluçonnais, il y a des signes qui ne trompent pas poursuit le reportage de La Montagne.
« L’été quand les terrasses sont pleines, les gens posent leurs paquets sur les tables. Si vous voyez de la couleur, on sait que ce n’est pas un paquet français », explique le patron d’un bar-tabac à côté de la gare de Montluçon. Selon lui, la part de paquets de couleurs visibles en terrasse a effectivement tendance à augmenter : « je dirais qu’on en voit au moins un tiers ».
Un sentiment partagé par un confrère sur les bords du Cher : « les gens ne se cachent plus. Parfois ils laissent même leurs paquets vides sur les tables et c’est nous qui les mettons à la poubelle ». Le buraliste, résigné, ne peut pas y faire grand-chose : « c’est l’argent qui parle aujourd’hui. Si le client peut trouver un paquet à moitié prix, il n’achètera pas un paquet à 10 euros chez moi. Si vous leur dites quelque chose, vous les perdez comme client du café. On est impuissants. »
•• Et il ne faut pas chercher longtemps pour trouver ces fumeurs ayant déjà eu recours au tabac venu de l’étranger. Sur une terrasse, ils en parlent librement : « je connais un routier qui ramène des cartouches par dizaines dans son camion quand il bosse à l’étranger, du coup, régulièrement j’en profite », confie une cliente …
Pour eux, le tabac de contrebande n’est pas une pratique régulière : « ça arrive de temps en temps, quand une occasion se présente ». Et là non plus, pas de regrets. « Ah non, le seul regret qu’on a c’est quand la qualité n’est pas au rendez-vous. Parfois le tabac de contrebande n’est pas génial ».
Malgré cela, tous sont unanimes pour dire que le recours à la contrebande va continuer tant que les prix seront toujours aussi élevés.