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24 Oct 2021 | Trafic
 

Elle ne pouvait être publiée à un meilleur moment cette étude … alors que les grands médias s’intéressent enfin sérieusement au sujet (voir 21 et 16 octobre 2021).

Les parties prenantes, les effets de réseaux et les enjeux financiers du commerce illicite de cigarettes sont analysés dans cette passionnante étude d’une cinquantaine de pages, publiée sous l’égide du think tank « libéral, progressiste et européen Fondapol (Fondation pour l’innovation politique). Son président est Nicolas Bazire et son directeur général est Dominique Reynié.

•• Les auteurs de l’étude sont Mathieu Zagrodzki (chercheur en science politique), Romain Maneveau et Arthur Persais (consultants dans les domaines de la sécurité intérieure et de la politique de la ville).

Cette étude fait suite à un premier volet qui portait sur l’analyse du phénomène de vente à la sauvette et les réponses déployées par les acteurs de la sécurité publique compétents (voir 26 décembre 2018). Cette fois-ci, le travail porte sur les vendeurs et la chaîne d’acteurs qui les approvisionne, ainsi que sur les acheteurs. Lien : Fondapol Etude commerce illicite 10-2021 

•• Du côté de l’offre, elle montre l’existence de deux univers différents : les vendeurs à la sauvette sont le plus souvent des personnes précaires, fonctionnant de manière autonome ou par petits groupes sur les territoires de vente, sans qu’il y ait de véritable hiérarchie ou de structure, tandis que la chaîne de fournisseurs allant des producteurs – une large partie des cigarettes vendues illicitement en France étant issue d’usines clandestines – aux semi-grossistes, est au contraire très organisée, avec une mainmise de groupes criminels souvent originaires d’Europe de l’Est.

« Ce commerce illicite requiert une action globale de la part des pouvoirs publics, qui luttent de plus en plus contre ces trafics et leurs répercussions sur la tranquillité et la sécurité quotidiennes mais qui n’articulent pas suffisamment leur action avec une lutte contre les réseaux de crime organisé qui alimentent ces trafics » insistent les auteurs.

•• Du côté de la demande, l’étude permet de conclure à la diversité des profils d’acheteurs comprenant des personnes de catégories socioprofessionnelles aisées.

Si l’argument économique est la principale motivation des acheteurs de cigarettes à la sauvette, l’effet d’opportunité, l’habitude, la disponibilité à des horaires où les bureaux de tabacs sont fermés constituent autant de raisons qui peuvent les pousser à acquérir ces produits dans la rue, estiment aussi les auteurs.