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27 Mar 2022 | Trafic
 

Deux vendeurs à la sauvette, pris la main dans le carton de cigarettes à la gare de Garges-Sarcelles (Val-d’Oise, voir 29 mai et 18 février 2021), étaient jugés ce mercredi 23 mars, en comparution immédiate par le tribunal correctionnel.

Un procès qui a éclairé le volet économique de ce trafic qui génère manifestement de gros profits. Compte-rendu du Parisien. 

Tous deux sont sortis libres mais devront trouver un autre lieu pour écouler leurs cigarettes. Un revendeur, qui venait d’acheter 100 cartouches pour les écouler dans le secteur, a écopé de deux mois de prison avec sursis, son livreur à six mois avec sursis.

•• Les policiers en patrouille, à proximité de la gare, avaient repéré, le 21 mars,  un homme récupérant un carton dans le coffre d’une Citroën C4. Le carton est ouvert et rempli de cartouches, un second carton est à côté. Le suspect a tout de suite reconnu avoir acheté 100 cartouches à son fournisseur pour 2 200 euros, « pour les vendre à la Chapelle ou à la gare de Garges-Sarcelles », a-t-il confié au tribunal.

« Je fais cela depuis la fin du confinement. Je travaillais avant sur les marchés » … Il a assuré que c’était « la première fois » qu’il achetait autant de cigarettes et a précisé avoir pu acquérir les 100 cartouches pour 2 200 euros grâce à des amis qui auraient misé 500 euros chacun. « Je revends 5 euros le parquet, 50 euros la cartouche », ajoute-t-il, assurant ne gagner que 40 euros par jour.

•• Interpellé au volant de la C4, le fournisseur, 34 ans, serait un ancien policier pakistanais arrivé en France en 2017, venu à pied de son pays.  Sa demande d’asile a été refusée mais il n’est pas en situation irrégulière.

« Je ne savais pas ce qu’il y avait dans le coffre » a-t-il commencé par dire au tribunal avant de se raviser …« je ne savais pas que c’était dangereux. J’ignorais que c’était interdit. Je vois beaucoup de monde faire ça ». Il a ajouté n’avoir effectué que cette unique livraison pour envoyer de l’argent à son frère « très malade ». Ce qui a laissé sceptique le Procureur qui note que les messages trouvés dans son portable ressemblent fort à une série d’instructions de livraisons.

La Citroën C4 avait été fournie au livreur qui avait été payé 1 500 euros.

•• « Le trafic de cigarettes de contrebande génère une économie illégale florissante et juteuse », a confirmé à l’audience le Procureur , Luc Pellerin.

« C’est aussi une source de revenus moins risquée que le trafic de stupéfiants. Cette vente est également un point de fixation d’une immigration irrégulière autour de la gare de Garges-Sarcelles mais aussi d’Argenteuil où des opérations coup de poing sont menées.  Le rassemblement de tous ces vendeurs est générateur d’une délinquance et d’une criminalité induite. Il y a des rivalités entre eux qui finissent souvent par des coups de couteau. »

•• Comme la gare de Garges-Sarcelles ou celle d’Arnouville-Villiers-le-Bel, la gare d’Argenteuil (toutes dans le Val-d’Oise) est confrontée depuis plusieurs mois à l’activité de nombreux vendeurs à la sauvette. Des opérations coup de poing sont régulièrement menées par les policiers d’Argenteuil pour prendre les vendeurs sur le fait.

Elles se sont concrétisées depuis plusieurs semaines par des dizaines de déferrements au parquet de Pontoise et des interdictions de paraître sur la commune, selon Le Parisien. Un vendeur à la sauvette, revenu à Argenteuil malgré cette interdiction prononcée par la justice pour vendre des cigarettes, a été de nouveau interpellé et a été condamné en comparution immédiate à quatre mois de prison ferme. Le tribunal n’a pas prononcé de mandat de dépôt mais la prison lui tend les bras en cas de récidive.

Si les vendeurs restent aujourd’hui présents sur la gare, c’est en moins grand nombre. Sur place, on évoque « une situation qui se calme » tout en concédant que la situation reste fragile.