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17 Août 2021 | Observatoire
 

Dans un entretien au Figaro du 16 août, le ministre de l’Intérieur révèle le bilan de la lutte contre les stupéfiants depuis janvier. Il annonce une extension des mesures et opérations de répression (voir 25 avril et 18 mars 2021, 22 décembre 2020).

De quoi anticiper de nouvelles pressions contre les partisans du cannabis récréatif de la part du ministère de l’Intérieur. Extraits.

Le Figaro : Vous avez déclaré une guerre totale à la drogue, et pourtant les trafics affichent une insolente santé en dépit de la crise sanitaire. N’êtes-vous pas en train de perdre ce combat ?

• Gérald Darmanin : Non, bien au contraire ! Si l’on considère les priorités fixées il y a un an, c’est-à-dire la reconquête de la rue pour empêcher que ces trafics minent nos quartiers et nos villages, nous avons gagné une bataille dans cette guerre difficile et très ancienne. Pour les six premiers mois de l’année, 57 tonnes de cannabis ont été saisies. C’est une augmentation de 37 % par rapport à la même période de l’année 2020, qui était déjà une année record (…) 

Au-delà des quantités, nous avons démantelé 7 837 trafics dans les six premiers mois, soit, là encore, une progression de 34 % et un chiffre jusqu’ici jamais atteint. Enfin, nous prenons l’argent de la drogue, qui est le nerf de la guerre, avec plus de 52 millions d’euros d’avoirs criminels saisis en six mois.

Ce montant, qui marque une augmentation 53 %, concerne aussi bien des maisons que de l’argent sur des comptes en banque ou des véhicules de luxe. C’est un coup très dur qui est porté contre la drogue, et qui explique sans doute les règlements de comptes que nous connaissons.

Ces excellents résultats sont le fruit d’une mobilisation totale de l’État contre ce fléau, en particulier celle de l’Office anti-stupéfiants (Ofast), cette « DEA » à la française que le président de la République avait appelé de ses vœux et qui ne cesse de monter en puissance.

Près de 4 000 points de deal ont été répertoriés dans le pays. Comment lutter contre cette lèpre ?

G. D. : Depuis six mois, 2 990 opérations ont visé des points de deal, qui ont conduit à l’interpellation de 5 099 trafiquants et la saisie de plus de 4 tonnes de cannabis. Si l’on prend une ville emblématique comme Marseille, dans laquelle je me rends tous les trois mois, la police a mené pas moins de 801 opérations visant des points de deal depuis janvier. Un record. 

Par ailleurs, nous continuons à mettre la pression sur les usagers parce qu’il n’y aurait pas d’offre sans demande. Plus de 100 000 consommateurs de drogue ont été verbalisés, soit 80 % de plus que l’an passé, notamment grâce aux 62 000 amendes forfaitaires délictuelles dressées depuis le 1er janvier. Ce qui prouve l’efficacité de cette contravention mise en place avec Éric Dupond-Moretti, dont je rappelle qu’elle est inscrite sur le casier judiciaire.

Au printemps dernier, trois premiers « quartiers témoins », spécialement gangrenés, ont été désignés pour y harceler les dealers. Quel est le bilan ?

G. D. : Rappelons la méthode : l’idée est d’y mettre beaucoup d’effectifs, de moyens et de vidéoprotection pour harceler sans relâche les trafiquants. Dans la Goutte d’Or, à Paris, quartier ô combien symbolique, occupé depuis mon enfance par des dealers, les forces de l’ordre ont ainsi interpellé plus de 1 500 délinquants et réalisé 253 affaires de stupéfiants en quatre mois.

À Villefontaine, dans l’Isère, une vingtaine d’opérations antidélinquance ont été menées dans le même temps par les gendarmes tandis que le quartier du Faubourg de Béthune de Lille, qui était un haut lieu de la drogue, a été le théâtre de près de 400 opérations ( …) 

Fort de ces résultats, qui démontrent qu’il n’y a pas de quartiers perdus de la République, j’ai décidé de décliner l’expérience dans de plus petites villes elles aussi touchées, comme Méru dans l’Oise et Lunel dans l’Hérault. En septembre, ce sont dix autres quartiers qui verront le jour à travers le pays, sachant qu’à terme tout Marseille est appelée à devenir quartier témoin. La Cité phocéenne est en train de recevoir 300 policiers supplémentaires, et on y mène une opération antidrogue toutes les deux heures grâce à la présence de deux unités de CRS désormais à demeure.

Dans 1 affaire de stupéfiants sur 3, des armes sont saisies. Comment lutter contre des dealers de plus en plus lourdement équipés ?

G. D. : Nous devons faire face à trois grands enjeux, que je vais relever avec mon ami et collègue en charge des Comptes publics, Olivier Dussopt. D’abord, le fret postal, parce que les trafics de drogues et d’armes passent aussi par les centres de tris placés sous la surveillance accrue des douaniers, qui réalisent un travail formidable.

Ensuite les ports, avec l’équipement des douaniers en scanners au Havre et à Marseille, où le renseignement de l’Ofast a par ailleurs été renforcé. Enfin, internet, avec le dark web et les réseaux sociaux que nous investissons plus en profondeur grâce à de nouvelles unités de lutte contre la cybercriminalité déployées par le ministère de l’Intérieur.

Nous avons aussi intensifié un travail partenarial avec Snapchat afin que les services d’investigation puissent conserver plus longtemps certaines données avant que celles-ci ne soient effacées. Enfin, un travail de fond a été engagé avec les plateformes, car, désormais, nous voulons qu’elles puissent aussi nous signaler les comportements criminels …