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2 Fév 2022 | Observatoire
 

Les autorités sanitaires françaises se sont prononcées, ce 1er février, pour l’expérimentation à échelle limitée d’un dépistage du cancer du poumon chez les fumeurs, estimant toutefois qu’il était trop tôt pour généraliser un tel dispositif à grande échelle.

C’est ce qu’annonce une dépêche AFP que nous reprenons.

•• « L’état des connaissances est encore incomplet pour la mise en place d’un programme de dépistage systématique et organisé du cancer broncho-pulmonaire en France », a jugé la Haute autorité de santé (HAS) dans un avis. Toutefois, il serait bienvenu de lancer « dès maintenant l’engagement d’un programme pilote » pour tâter le terrain, nuance cet avis.

Celui-ci actualise un précédent avis de 2016, dans lequel la HAS s’était déjà opposée à un dépistage organisé par scanner du cancer du poumon, le plus meurtrier en France avec quelque 33 000 décès annuels.

•• De nouvelles études ont été publiées entretemps sur l’intérêt d’un tel dépistage chez les fumeurs, le cancer du poumon étant en grande majorité lié au tabagisme. Ces travaux ne suffisent pas pour l’heure à faire changer la HAS d’avis quant à l’opportunité d’un vaste programme de dépistage, mais ils la conduisent à admettre l’intérêt d’une expérimentation sur le sujet.

En effet, ces études tendent à montrer que le dépistage « chez les personnes ayant un risque augmenté de ce cancer réduit la mortalité spécifique de celui-ci », selon la HAS. Cela appuie donc l’intérêt potentiel de tester les fumeurs, dans l’idée qu’un cancer du poumon détecté tôt a des chances de guérison bien meilleures que s’il est repéré à un stade avancé.

Cette stratégie, par exemple en vigueur aux États-Unis, est défendue depuis plusieurs années par certains pneumologues, qui regrettent la frilosité des autorités sanitaires françaises.

•• Mais le dépistage organisé présente aussi des risques en matière de santé publique. Les autorités craignent essentiellement un risque de « surdiagnostic » : repérer des tumeurs qui n’évolueraient de toute façon pas en cancer et, en conséquence, imposer des traitements lourds et inutiles au patient. 

Pour obtenir plus de certitudes, « des expérimentations françaises d’envergure sont nécessaires pour permettre de répondre aux différents points en suspens et statuer sur les modalités de dépistage les plus adaptées au système français », conclut la HAS, qui appelle à déléguer ces études à l’Institut national du cancer (INCa).

(voir 13 février 2015, 11 août 2016).