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9 Déc 2015 | International
 

Canada cannabisSelon une dépêche AFP, le Premier ministre Justin Trudeau, ancien fumeur de cannabis, va s’appuyer sur un large soutien des Canadiens pour légaliser l’usage de cette drogue douce déjà bien répandue dans le pays (voir Lmdt du 5 décembre).

Dénoncée par les conservateurs, la promesse de légaliser l’usage de la marijuana faite par les libéraux au cours de la campagne électorale devrait donc venir devant le Parlement dans les prochains mois.

La population est déjà convaincue de la nécessaire légalisation, sachant que deux Canadiens sur trois sont pour la dépénalisation, selon un sondage Ipsos publié cet été. Et que 44% des Canadiens reconnaissent avoir déjà fumé du cannabis.

Reste à déterminer un cadre légal et c’est sans doute là que les débats vont se cristalliser au Parlement. Sans avoir les détails du projet de loi, il est probable que le Canada conjugue légalisation et réglementation du marché à partir des expériences tirées des observations faites après la légalisation de l’usage du cannabis à des fins récréatives dans les Etats américains du Colorado et de Washington (voir Lmdt des 8 novembre 2012, 10 janvier 2014 et 4 mars 2015).

Le mois dernier, le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies a tiré les conclusions de ses missions aux Etats-Unis en recommandant « des changements graduels plutôt que d’agir trop rapidement » avec des « objectifs de santé publique » tout en s’assurant d’éviter une délinquance ou criminalité associées à cette légalisation.

Même la police canadienne pousse pour une légalisation encadrée depuis deux ans, jugeant que « l’interdiction actuelle du cannabis est injustifiée ». Elle vient en plus encombrer les tribunaux et alourdir les tâches des policiers. L’an dernier, un peu plus de 100 000 dossiers d’infractions aux stupéfiants ont été ouverts au Canada, dont les deux tiers portaient sur la simple possession par la personne interpellée, selon l’institut canadien de la statistique.

Le président de l’Association canadienne des chefs de police, Clive Weighill, a estimé mi-novembre qu’en allant « vers un modèle de légalisation de la marijuana », la police cherchera à ce qu’elle « ne vienne pas compromettre la sécurité publique ».

Une légalisation de l’usage du cannabis à des fins récréatives « va supprimer le marché illégal » et mettre un terme à « un modèle d’interdiction » et de répression qui a conduit à une criminalité galopante dans certains pays, comme le Mexique, où règnent des cartels de la drogue, a estimé Eugene Oscapella, spécialiste de criminologie à l’université d’Ottawa.

Reste à définir les moyens de commercialiser de façon encadrée un stupéfiant autorisé sans aller vers une distribution généralisée comme l’alcool ou le tabac. « Il est envisageable mais tout à fait improbable que vous serez en mesure d’acheter votre cannabis à l’épicerie comme on peut le faire avec l’alcool », a souligné auprès de l’AFP ce professeur.

Si depuis 1999 l’usage du cannabis à des fins médicales est légal et strictement encadré, toutes les tentatives d’assouplir la législation avaient été jusqu’ici repoussées par les conservateurs, au pouvoir pendant près d’une décennie. L’ancien Premier ministre Stephen Harper avait estimé début octobre que fumer du cannabis était « infiniment pire » que le tabac.

Au Parlement en 2016 pour la discussion du projet de loi, le corps médical fera part de ses réserves sur les conséquences d’une légalisation pour les jeunes, sachant que l’âge moyen de la première consommation se situe entre 15 et 16 ans.