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25 Fév 2025 | Profession
 

Les 2 300 réunions de courses de trot ou de galop qui se déroulent tout au long de lannée font vibrer des millions de parieurs dans les bars PMU et autour des hippodromes.

Et, plus quun énorme business trop souvent associé aux jeux dargent de la FDJ ou des casinos, cest un écosystème économique, patrimonial et agricole. Dossier dans Le JDD (édition 23 février) à l’occasion de l’ouverture du Salon de lagriculture. 

À sa tête, deux associations à but non lucratif chargées de l’organisation et des relations avec les éleveurs, les entraîneurs, le monde du cheval au sens large. France Galop, dirigée par Guillaume de Saint-Seine, et la Société dencouragement à l’Élevage du Trotteur français (SETF), présidée par Jean-Pierre Barjon. Tous deux propriétaires, éleveurs et passionnés bénévoles au service du cheval.

•• « La particularité de notre filière qui ressemble en tous points à un sport, cest quon fait courir des chevaux. On ne fait pas tourner des boules de loto » précise Guillaume de Saint-Seine. « Lactivité de paris nest que la face visible dune industrie qui fait naître des chevaux, les élève, les prépare. Ce sont des organismes vivants, une filière demplois, une filière agricole. » Quelques chiffres encore : le PMU fait vivre 14 000 éleveurs, 2 000 entraîneurs, et travaille avec 10 000 propriétaires, en tout près de 40 000 emplois induits.

À l’autre bout de la piste, les parieurs bien sûr, mais pas seulement. Les hippodromes ont accueilli plus de 2 millions de visiteurs l’an dernier. « Ce sont des points de rendez-vous de toutes les classes sociales » détaille Jean-Pierre Barjon. « Le week-end, dans les hippodromes des petites villes et villages, les courses représentent une fête qui rassemble 1 000, 1 500 personnes, dans un grand brassage. »

•• « Dans un village, quand le PMU ferme, en général, cest le café local qui ferme et le relais Poste « décrypte Guillaume de Saint-Seine. « Nous participons à notre façon à laménagement du territoire, à la cohésion du pays. »

Les associations équines consacrent 900 millions d’euros chaque année à l’entretien des hippodromes et au soutien aux PMU. Un rôle quasi politique qui explique l’attachement des maires à ces institutions sociales. France Galop et la Société du Trotteur français sont présentes à leur salon chaque année, comme elles tiennent leur place au Salon de lAgriculture. 

Ce que les maires savent pourtant, le grand public l’ignore, et l’État a failli le négliger dans le maelström du feuilleton budgétaire au cours duquel le pari hippique aurait pu être sacrifié. Unique au monde, ce modèle de filière agricole, autosuffisant, s’est retrouvé résumé à la seule dimension des paris, de l’appât du gain.

Les gouvernements Barnier et Bayrou envisageaient de lui infliger la même potion que celle promise à la FDJ et aux casinos, entreprises qui n’ont rien d’associations à but non lucratif. Fiscalement, le PMU contribue déjà à hauteur de 850 millions d’euros au budget de l’État et abonde le PIB à hauteur de 1,6 milliard d’euros.

Les comptables de Bercy envisageaient de lui infliger près de 100 millions d’euros de fiscalité supplémentaires avant de se raviser, après force lobbying et efforts de pédagogie. Un répit d’autant plus nécessaire que l’explosion du jeu en ligne a fragilisé celui des courses (voir 19 novembre 2024).

« Le produit brut des jeux (mises des paris, gains perçus par les parieurs) du jeu on-line a généré de 0 à 2,4 milliards de gains en dix ans ; le produit brut des paris hippiques du PMU, sur la même période, est tombé de 2,3 milliards à 1,7 », explique Guillaume de Saint-Seine.

•• Un écart qui encourage le pari hippique à faire sa révolution.

Le Conseil constitutionnel vient de valider l’évolution de la réglementation de 1891. Désormais, les parieurs pourront miser en direct, après le départ d’une course jusqu’au couperet de la ligne d’arrivée. Une sorte de live betting (paris en direct) qui dope l’engouement des parieurs sur les matchs de football ou de basket.

Autre évolution, la possibilité de réutiliser des courses « historiques » courues dans le passé en les anonymisant, qui pourront être à nouveau support de pari mutuel ou de nouveaux jeux hippiques.

De nouvelles sources de revenus destinées à continuer à faire vivre le monde du cheval, et non à dégager des dividendes ou à soutenir un cours de Bourse, puisque la filière reverse lintégralité du solde de ses recettes à ses acteurs agricoles, soit près de 600 millions deuros, conclut le JDD. (Voir aussi 15 et 13 février 2025, 2 juillet 2024)