Une taxation sur les paris hippiques est en débat au Sénat (voir 4 et 8 novembre). À Cahors (Lot), les buralistes ne sont pas convaincus et les parieurs pas dissuadés.
Début novembre, un amendement déposé par le Gouvernement au projet de budget de la Sécurité sociale a mis le feu aux poudres. Ce projet de loi prévoit notamment d’augmenter la taxe sur les produits bruts des jeux des paris hippiques.
Une taxe actuellement de 6,9 % qui passerait à 7,5 % dans le réseau physique (PMU, hippodromes) et qui pourrait même atteindre 15 % pour les paris en ligne.L’amendement a depuis été retiré mais les professionnels du secteur ne relâchent pas leur vigilance, redoutant que le débat ne revienne sur la table du Sénat.
•• Selon La Dépêche, à Cahors, les buralistes réagissent prudemment. « En réalité, cela ne change pas grand-chose. Les vrais parieurs continueront de jouer parce que la majorité de nos clients qui misent sur les courses hippiques ont une addiction aux jeux. Ils ne changeront pas leur comportement », avance une vendeuse de PMU du centre-ville qui préfère rester anonyme dans ce milieu déjà feutré.
« Les parieurs c’est comme les acheteurs de cigarettes. Ils n’arrêteront pas malgré l’augmentation », note un autre vendeur de PMU du centre de Cahors. Et il sait de quoi il parle : la semaine dernière, certains paquets de cigarettes sont passés de 12 à 13 euros, loin de décourager les fumeurs. « On subit déjà régulièrement la hausse du prix sur le tabac alors une taxe de plus … », poursuit-il.
Dans le tabac-presse où il travaille, les parieurs se pressent en début de mois et s’effacent à partir de la moitié du mois.
•• Ce samedi 16 novembre, déjà, sa borne consacrée aux paris hippiques n’est plus vraiment convoitée. Le ticket est à deux euros. « Mais les parieurs sont indépendants sur les bornes, on ne sait pas combien ils misent et combien ils gagnent », fait-il remarquer. Une intimité qui a parfois ses effets pervers et incite le joueur à parier à l’envi.
C’est parfois le cas d’un parieur régulier. « Je suis un cas exceptionnel. Peut-être que tous les joueurs se sont fait avoir comme ça mais moi en tout cas, j’ai commencé en 2014 alors que je n’avais jamais joué de ma vie. Ce jour-là, mes cinq enfants ont chacun choisi un numéro. J’ai misé 4 euros et j’ai remporté le quinté, 524 euros », tient-il à raconter au quotidien régional.
Depuis, il joue en dents de scie : parfois rien pendant cinq mois, parfois plusieurs fois par semaine. En fait, ça dépend des fins de mois. Si le ticket venait à augmenter, il continuerait de miser mais ne s’estime pas accro.
À côté, son copain fait remarquer : « Les clients jouent parce qu’ils n’ont pas d’argent. Moi, par exemple, c’est pour payer le repas du soir ». « Le Gouvernement veut dissuader les joueurs mais la majorité sont dans la précarité. Quand on a une addiction, on va voir un vrai docteur », résume le parieur régulier.