Prix du paquet de cigarettes trop élevé, cambriolages et vente illégale en hausse constante, c’est la triple peine pour les buralistes.
Et pour eux, « tout est lié », comme ils l’ont rappelé ce 22 septembre, à Riom, à Joël Mathurin (préfet du Puy-de-Dôme), Christine Pirès-Beaune (députée socialiste, première questeure de l’Assemblée nationale) et Carole Taurin, (adjointe au Directeur régional des Douanes) lors de l’assemblée générale de la Fédération des buralistes du Puy-de-Dôme (voir 25 septembre).
Compte-rendu de La Montagne.
•• « L’État a créé le marché parallèle » a assuré Philippe Coy, présent à la réunion.
« On demande un moratoire sur le prix du tabac, car la méthode du prix n’accompagne plus les objectifs de santé publique. Depuis cinq ans, la consommation de tabac stagne, sauf chez les jeunes où elle continue de baisser, mais les ventes illégales et désormais la vente de cigarettes à l’unité explosent. Or, qui dit vente illégale dit vente de produits potentiellement plus nocifs et perte de milliards de recettes fiscales pour l’État ».
Ce moratoire est très attendu alors que le Projet de Loi de Finance 2025 va enfin être discuté par les parlementaires, tout comme l’obtention du monopole de la vente des produits nicotinés.
•• La députée les a assurés de son soutien sur ces deux points : « Je crois en effet qu’on est arrivé au bout d’une logique sur le prix du tabac et que la perte de recettes fiscales induite par les ventes illicites n’est pas neutre pour le budget de l’État et celui de la Sécurité sociale alors qu’il faudrait 12 milliards d’euros pour une prise en charge correcte de nos aînés en Ehpad ou à domicile ».
Mais si les buralistes déplorent une perte de chiffre d’affaires, ils sont surtout inquiets pour leur sécurité face au développement d’un système « pré-mafieux » et en appellent à la protection de l’État.
•• « Depuis le début de l’année, nous en sommes à 37 cambriolages dans le Puy-de-Dôme. Le dernier en date avec voiture-bélier et incendie aurait pu être dramatique », rappelle Vincent Charbonnel, le président départemental (voir 5 et 8 septembre). Le préfet et l’adjointe des Douanes ont assuré du soutien de l’État et de l’action continue et résolue des services des Douanes, de la Police et de la Gendarmerie.
Une cellule de coordination unique de la lutte contre le marché parallèle du tabac a été créée, « car nous faisons face à des réseaux organisés. On ne peut pas tout vous dire pour des raisons opérationnelles, mais il faut faire remonter tout ce que vous observez. Nous devons développer un esprit « waze » pour faire des recoupements et avancer ».
Quant à la question posée par une buraliste de savoir ce que chacun « a le droit de faire pour faire changer la peur de camp », le préfet a été ferme : « une fois mis en place tout ce qui relève de la protection passive, ce que vous avez à faire, c’est vous mettre à l’abri et faire le 17. Vous n’êtes pas des shérifs ».