Non, « apaisés » n’est pas le mot. « Parce qu’on continue d’être attaqués régulièrement » selon Philippe Coy, « mais nous sommes plutôt sereins, tournés vers l’avenir. Pendant des années, nous avons subi l’histoire, sans trop de visibilité, sans cap et sans projet. Aujourd’hui, on est combatif, imaginatif pour relever tous les défis. »
Le ton est donné pour l’assemblée générale de la fédération des buralistes du Morbihan, qui s’est déroulée ce mardi 28 mai, suivie par Ouest France.
Dans le département, ils sont 372 buralistes actifs. « On a perdu trois buralistes depuis trois ans » détaille Jean-François Le Labourier, président départemental. « Souvent des départs à la retraite non compensés. Le réseau du Morbihan est donc dans une stabilité après avoir connu une très grosse érosion il y a une dizaine d’années. »
•• Et la profession se renouvelle. « En trois ans, la moitié des buralistes a changé. Environ 55 par an depuis le Covid » constate l’élu. « Cela fait 4 ou 5 ans qu’on observe une nouvelle génération, souvent des reconversions, qui arrive. Ils sont conscients des difficultés, mais ils ont la volonté d’être dans un commerce qui a du sens, du relationnel, du potentiel. Ils ont de l’envie, des idées nouvelles. »
Car la profession reste soumise à de forts enjeux : évolution de la société, baisse de la consommation, et l’arrivée massive du marché parallèle, qui déstabilise le réseau. Jean-François Le Labourier approuve : « c’est de plus en plus vrai dans le Morbihan. Les cigarettes se vendent sous le manteau, dans les épiceries de nuit, parfois même dans nos commerces, à notre insu. » Pour Philippe Coy, une confirmation que « les politiques fiscales agressives, cela ne marche pas ».
•• Obligation est donc posée d’évoluer. Car il y a quelques années, le triptyque tabac-jeu presse constituait l’essentiel du chiffre d’affaires d’un bar tabac. 80 % du chiffre d’affaires étaient même lié au tabac. « Aujourd’hui, c’est moins de 50 % », souligne Philippe Coy. Leur solution, la Transformation, via un vaste plan national enclenché en 2018. Qui passe certes par un relooking des établissements, mais aussi par la diversification de l’offre.
S’adjoint désormais tout ce qui a trait au vapotage, mais aussi la vente de produits CBD qui « prend de plus en plus de place », cadeaux, services publics « qui crée un flux en magasin et tend à se développer », relais colis, installation de distributeurs d’argent, vente à emporter de spiritueux, produits locaux « qui marchent très fort ».
Une évolution, pas une révolution rappelle le président national : « rappelez-vous : il y a 25 ans, on allait déjà chercher les vignettes auto chez le buraliste. On était un peu le bazar du coin, le drugstore du quotidien des Français ! Comme le tabac allait très bien, on a délaissé ces activités. Mais aujourd’hui, on doit évoluer, pour répondre à la demande des nouvelles générations, attirer une autre clientèle. Il faut que le buraliste soit ce commerçant d’utilité publique dont on a besoin. »