Les buralistes doivent trouver des solutions pour sécuriser leurs magasins tout en diversifiant leurs activités car une partie de leur clientèle se tourne vers le marché parallèle. C’est ce qu’annonce Le Dauphiné Libéré dans un article que nous reprenons.
« La politique d’augmentation des prix n’a pas réellement réduit la consommation de tabac. Elle a orienté un tiers de la volumétrie consommée vers les circuits parallèles et les achats à l’étranger. Les ventes des buralistes ont donc baissé et en même temps, l’augmentation des prix les a placés dans une insécurité toujours plus grande puisque la valeur de leurs stocks ne cesse d’augmenter et génère cambriolages et braquages » affirme Thierry Meyronin, président de la fédération départementale, administrateur de la Confédération et buraliste à Saint-Georges-de-Commiers (2 100 habitants, 22 kilomètres au sud de Grenoble). « La hausse des prix cause l’accroissement des trafics », mettant en danger toute une profession.
« Dans certaines grandes agglomérations comme Grenoble, le circuit parallèle ne concerne pas seulement les vendeurs à la sauvette dans la rue, mais aussi de nombreux petits magasins parfois suspectés de blanchir l’argent de la drogue, qui vendent des cigarettes à des prix très intéressants à leurs habitués », observe un Officier de Police judiciaire.
•• Les buralistes sont condamnés à travailler sur leur sécurité et surtout à se diversifier, à innover. « Aujourd’hui, nombre de mes collègues sont, comme moi, à la tête d’un vrai commerce d’utilité locale », confirme Thierry Meyronin.
Alors que qu’une consœur, propriétaire d’un tabac-presse à La Côte-Saint-André (4 700 habitants, 33 kilomètres de Voiron) a par exemple ouvert un rayon libraire, lui s’est doté d’un rayon épicerie. Et comme elle, il propose à ses clients des opérations de « paiement de proximité » (Trésor public, factures d’eau, d’électricité, etc.), et a même endossé le rôle d’agent de La Poste.
À Saint-Étienne-de-Crossey (près de Voiron), un buraliste qui a vécu une expérience très difficile – attaqué dans son magasin par trois hommes (voir 2 novembre) – n’a pas perdu la foi. Et il croit, lui aussi, à une fonction multiservices, pour mettre du beurre dans les épinards, bien sûr, mais aussi par simple volonté d’aider ses concitoyens dans la mesure de ses moyens. « Tenez », explique-t-il, « la photocopieuse que je mets à disposition des clients, je peux vous dire qu’elle me coûte plus cher qu’elle ne me rapporte, mais l’essentiel est ailleurs ».
•• La buraliste de La Côte-Saint-André raconte son quotidien, les difficultés de son métier et ses satisfactions.
« C’était un métier qui permettait de vivre du tabac il y a quelques années encore, mais ce n’est plus le cas. À La Côte-Saint-André, c’est la première année que l’on ressent une vraie baisse du volume de tabac vendu, principalement parce que la hausse des prix favorise le marché parallèle (…) Malgré cela, et en dépit des problèmes de sécurité que tous les professionnels rencontrent, nous aimons ce métier et notre magasin, nous essayons de travailler dans la bonne humeur et lorsqu’il y a un problème, nous tentons de faire redescendre la tension.
« En fait, cela m’agace un peu lorsque l’on parle des buralistes sous l’aspect négatif, celui de la sécurité, des braquages. Ici, nous essayons d’innover en permanence, d’aller de l’avant, et ce qui est important, c’est que nous sommes devenus un commerce multiservices ».
« Par exemple, la Trésorerie a fermé récemment. Alors, nous proposons aux clients les paiements de proximité. Cela nous fait rentrer du monde dans notre magasin, dans notre rayon librairie et presse, certaines personnes qui ne passaient jamais notre porte. D’ailleurs, la mise en place des frais de port pour les achats de moins de 30 euros sur Amazon nous a fait retrouver des clients en librairie. Nous parvenons ainsi, en multipliant nos activités, à faire en sorte qu’une activité soutienne l’autre. Mais nous le devons aussi au fait que nous avons un grand magasin. Je plains mes confrères des grandes villes qui ne disposent que de peu de place, la période doit être très difficile pour eux ».
« Nous travaillons sans cesse sur la sécurité. Nous la prenons comme l’une des contraintes du métier, pas comme un obstacle insurmontable. Nous avons été cambriolés en avril dernier mais nous essayons de trouver des solutions, de laisser le moins de choses possibles dans l’espace où les voleurs peuvent accéder s’ils forcent le rideau et les portes. En général, ces équipes commettent plusieurs casses dans la même nuit à la recherche de la poule aux œufs d’or, mais par exemple en avril, ils ne sont repartis qu’avec quelques cartouches de cigarettes » …
« Les voleurs se rabattent donc sur ce que l’on appelle la réserve-tampon, dans laquelle nous plaçons quelques cartouches de cigarettes d’accès rapide, et sur le contenu de la caisse, qui, comme chacun le sait, ne contient jamais beaucoup d’espèces », poursuit la buraliste à La Côte-Saint-André.
Ces derniers mois, les casses de débit de tabac n’ont pas été très fructueux pour les équipes de voleurs. Car les mesures de défense passive ont progressé et se sont généralisées, d’autant qu’une aide de l’État permet aux professionnels de s’équiper correctement : diffuseurs de brouillard, portes blindées, système d’alarme et de vidéosurveillance, etc.