Emmanuel Magniez (président de la fédération des buralistes de Seine-Maritime, section de Rouen) a accueilli, sur ses terres à l’abbaye de Saint-Wandrille, ses collègues de la fédération de Paris, Oise et Seine-Maritime pour l’assemblée générale annuelle animée par son président Philippe Alauze.
« Mes collègues présidents d’autres secteurs souhaitaient venir découvrir ce lieu unique, riche d’une histoire de quatorze siècles » explique Emmanuel Magniez dans Le Courrier Cauchois en introduction d’un interview sur le contexte du réseau.
•• La question de la sécurité préoccupe-t-elle les buralistes ?
Emmanuel Magniez : La sécurité est évidemment une préoccupation. Nous avons payé un lourd tribut durant les émeutes. Des centaines de buralistes ont été ciblés. Cela s’ajoute à l’insécurité quotidienne qui touche le réseau. J’ai signé une convention avec le préfet l’année dernière pour la sécurité et contre les trafics. Il faudra certainement continuer à développer des dispositifs supplémentaires pour sécuriser nos établissements qui dépendent de l’Etat et sont indispensables pour lutter contre le trafic du tabac.
•• La modernisation de leur commerce est-elle aussi un enjeu ?
E. M. : La modernisation est également un point important. Car Gabriel Attal, alors ministre délégué chargé des Comptes publics, a renouvelé le fond de Transformation – suite à une négociation avec la Confédération – qui nous permet d’obtenir une aide financière importante pour nos travaux et développer de nouveaux services à la population. Je vais renouveler rapidement la convention avec la Chambre de Commerce et d’Industrie de Rouen qui travaille sur les audits de transformation.
•• Les hausses alimentent le trafic provoquant délinquance, développement d’usines clandestines, ventes sur internet … » Qu’en est-il du prix du tabac ?
E. M. : Le prix du tabac va encore augmenter puisqu’il est désormais indexé sur l’inflation. Par conséquent, ce sera 50 centimes par paquet l’année prochaine.
Si on peut comprendre les hausses pour la santé publique, je constate que beaucoup de buralistes pâtissent injustement de ces hausses. Car les prix sont plus bas chez nos voisins européens. Les hausses alimentent le trafic provoquant délinquance, développement d’usines clandestines, ventes sur internet… Là on arrive à 40 % du marché. Ça devient dangereux pour notre réseau mais aussi pour la société.
•• Le nombre de bureaux de tabac est-il en augmentation, en baisse ou reste-t-il stable sur la zone ?
E. M. : En Seine-Maritime, malgré les hausses du tabac, le nombre de buralistes est stable. Il faut reconnaître que l’État est à nos côtés. Avec notre traité de gérance, nous sommes les garants du monopole « tabac ». Le gouvernement nous aide pour la Transformation, la sécurité et suit le développement de nos activités avec la Confédération.
•• L’inflation a-t-elle changé les comportements de vos clients ?
E. M. : Avec l’inflation, nous avons eu une baisse du volume et de la valeur liés au tabac en 2022. La stratégie de la Confédération, c’est de moderniser les magasins et de trouver de nouveaux produits afin de créer du flux. Ensuite, c’est aux buralistes de performer sur des produits à marge.
•• Payez-vous encore les conséquences du Covid ? Certains buralistes peinent-ils à rembourser les prêts garantis pour l’État (PGE) ?
E. M. : En ce qui concerne les PGE nous n’avons pas d’alerte. Mais nous surveillerons 2024 car nous avons eu « Covid + inflation » et « baisse de volume tabac + émeutes », je fais confiance à la Confédération qui suit le réseau quotidiennement et travaille avec plusieurs ministères.