Réélu pour trois ans lors de la dernière assemblée générale (voir 1er octobre), le président des 318 buralistes du département de la Loire, avait invité Philippe Coy à présenter la stratégie d’évolution de cette profession qui voit ses ventes de tabac diminuer.
Dans un interview à L’Essor Loire, Gilles Grangier s’explique la nécessité pour les professionnels de diversifier à l’avenir leurs activités.
• L’Essor : Était-il important d’avoir Philippe Coy à votre assemblée générale annuelle ?
•• Gilles Grangier : Pour les collègues c’était agréable de faire l’assemblée générale en présence de notre président national qui amène sa vision d’avenir. Car je pense que c’est la personne la plus avisée pour expliquer comment il voit l’évolution de notre métier dans les années qui viennent. La Loire n’échappe pas à la baisse du nombre de buralistes.
On est actuellement 318, avec un équilibre économique de plus en plus précaire. Un certain nombre d’affaires, notamment en milieu rural, sont au bord du précipice. Il ne faudrait pas que la situation actuelle s’éternise.
• L’Essor : Est-ce parce que la consommation de tabac baisse fortement ?
•• Gilles Grangier : Le nombre de fumeurs évolue à la baisse, mais très faiblement. La hausse du prix du tabac ne permet pas d’atteindre l’objectif santé fixé par les pouvoirs publics. Il a par contre généré un phénomène qui est en train d’exploser, celui du marché parallèle.
Aujourd’hui les gens continuent à fumer mais de moins en moins avec des cigarettes achetées dans les bureaux de tabac. Plutôt par le canal des réseaux sociaux, ou dans les usines via le fret des transporteurs qui ramènent des cartouches de cigarettes.
C’est un phénomène qu’on connaît très bien dans la Plaine du Forez. On a aussi dans des villes comme Saint-Etienne qui sont particulièrement touchées de la vente complètement illégale dans des épiceries de nuit, malgré quelques fermetures de ces établissements qui malheureusement sont trop courtes.
La Douane a pris conscience de l’ampleur du phénomène et essaie de travailler dessus. On demande qu’on leur confère des moyens humains et des outils technologiques plus importants. Même s’ils ont de nouveaux scanners et des chiens pour inspecter les lieux de fret, ce n’est pas encore suffisant.
• L’Essor : Quelle est la stratégie proposée par la Confédération des buralistes ?
•• Gilles Grangier : Transformer nos activités. Ne plus être que des revendeurs de tabac mais des commerçants qui proposeront beaucoup de produits et de services différents, afin de devenir des lieux de passage incontournables.
En reprenant des services que l’État est en train de lâcher faute de personnel, autour du paiement des impôts, de factures d’eau, d’énergie, etc. Aussi en devenant des professionnels du monde de la « vape » avec de vraies offres et de vrais conseils pour évoluer avec son temps et être à l’écoute de ce que le consommateur attend. À ce sujet, le constat que l’âge moyen d’entrée dans la profession baisse est un bon signal.
Le président national a souligné la nécessité de faire évoluer nos affaires vers des multi-services, avec une demande très forte de la Confédération des buralistes pour obtenir l’exclusivité de tous les produits qui contiennent de la nicotine, dont la vente est interdite aux mineurs.
Parce qu’on est des gens sérieux, responsables; nous entrons dans notre profession via des enquêtes. Outre le tabac, les produits nicotinés concernent le vapotage, les pastilles glissées sous les gencives et des produits qu’on peut inhaler ou mâcher.