Avec la fermeture des agences bancaires traditionnelles et l’essor des néobanques, les clients – particuliers ou commerçants – sont de plus en plus nombreux à déposer leur argent ou payer des factures directement chez les buralistes. Enquête du Parisien … signée Aurélie Lebelle.
Depuis quelques années, les bureaux de tabac se transforment petit à petit en banquiers de quartier. Et proposent de nouveaux services pour réceptionner le cash des Français.
•• Tout a commencé en 2014, lorsque la banque en ligne Nickel s’est associée avec la Confédération nationale des buralistes pour que leurs clients puissent ouvrir un compte courant dans leurs locaux. L’opération, qui nécessite un premier dépôt en espèces, a donné aux buralistes une nouvelle casquette (voir 9 juillet 2023).
Depuis, de nombreux bureaux de tabac ont réaménagé leur espace pour accueillir un distributeur de billets, installé par l’entreprise Loomis, pour répondre à un besoin criant notamment dans les zones rurales. Mais ce n’est pas tout …
•• D’autres banques en ligne – comme Fintch, Sogexia et Shine – proposent désormais grâce à l’entreprise Brink’s de déposer du cash directement chez les buralistes (voir 14 mai 2022).
« Lorsque l’on est client d’une banque en ligne affiliée à une banque traditionnelle, il est possible de déposer ses espèces dans les agences physiques » analyse Stéphanie Courtois, la directrice marketing de Brink’s, un établissement de paiement qui gère 90 milliards d’euros par an.
« Nous proposons aux clients des néobanques qui ne bénéficient pas de ce service de pouvoir déposer leur argent chez 1 200 buralistes accrédités par l’Autorité de Contrôle prudentiel et de Résolution (ACPR). » Et ça cartonne.
« Un million d’euros par mois est déposé sur les comptes des néobanques via les bureaux de tabac, poursuit-elle. Les clients sont pour beaucoup des professionnels mais aussi des particuliers, souvent jeunes, qui cherchent des solutions pour déposer leur argent de poche ou perçu grâce à des petits boulots. »
•• « Nous suggérons aussi à certaines entreprises de services de proposer à leurs clients le paiement en espèces des factures chez les buralistes », poursuit-elle.
L’un des principaux acteurs, qui s’est déjà fait une place, est la MAE, le leader de l’assurance scolaire. « Ils n’ont pas un très grand réseau d’agences physiques et cherchaient une alternative de paiement pour leurs clients », précise-t-on chez Brink’s. « Nous sommes aussi en phase de test avec un grand énergéticien. » Et ce n’est pas tout.
Si d’autres néobanques peuvent bientôt proposer ce service de dépôt d’espèces à leurs clients, les banques traditionnelles pourraient s’y mettre aussi, toujours selon l’enquête du Parisien. « Dans les zones rurales ou même parfois périurbaines lorsque le trafic est très dense, les clients n’ont plus accès facilement à leur agence », estime Stéphanie Courtois. « Certaines banques réfléchissent donc au dépôt chez les buralistes pour proposer plus de flexibilité à leurs clients. » (Voir aussi 20 avril 2023).