46 buralistes d’Indre-et-Loire se sont équipés de détecteurs d’âge afin d’identifier les mineurs à qui ils ont interdiction de vendre jeux d’argent et cigarettes (voir 16 juillet, 7 et 9 août).
Si la lumière passe au vert, c’est un client perçu comme majeur qui se présente. Si elle vire au rouge, il peut être mineur. Et en cas de doute, le buraliste lui demande de présenter sa carte d’identité.
•• « Encore aujourd’hui, les tentatives se présentent plusieurs fois par jour. Pour nous, c’est une sécurité. Vendre des cigarettes et des jeux aux mineurs, ça nous est interdit. On peut perdre notre carotte avec les premières, être privé de jeux voire perdre notre agrément aussi » indique, à La Nouvelle République, la patronne d’un tabac-presse à Saint-Avertin (à 5 kilomètres de Tours).
C’est alors que se présente un jeune homme, après avoir garé son véhicule sur le parking du centre commercial. Il est donc censé avoir son permis de conduire et donc avoir plus de 18 ans … Pourtant le vérificateur d’identité passe au rouge. N’ayant pas de pièce d’identité sur lui, il demandera à son grand-père de faire l’achat à sa place … avant de repartir comme il était arrivé : au volant de la voiture !
Témoin de la scène, Matthieu Meunier, président départemental des buralistes et administrateur de la Confédération ne peut s’empêcher de sourire : « la marge d’erreur sur l’âge du client correspond à même pas un an (neuf mois). On a vu des jeunes adultes sans pilosité sortir une carte d’identité ».
•• Ce jour-là, Stephan Rosseneu installait à Tours le 46ème vérificateur d’âge dans le département pour le compte de l’entreprise savoyarde Bergens et d’une société britannique – Innovativ Technnology – qui a développé les algorithmes d’analyses faciales, pensant qu’on paierait un jour avec la reconnaissance du visage.
« On a vu qu’on pouvait faire des estimations d’âge. Ça a démarré chez les buralistes en 2021 avec des prototypes. Leur retour a été très enthousiaste. » Décision est prise de lancer la production l’été dernier. Au total, 250 appareils sont à présent déployés sur les 23 000 buralistes en France.
Alors, comment fonctionne ce que la profession aime qualifier de « détecteur de mineur » ? Explications de Stephan Rosseneu : « on va regarder les traits du visage, pas le visage, en mode anonyme. Une première estimation de l’âge est évaluée en une seconde. »
Pour être en phase avec le Réglement général de Protection des Données (RGPD), l’ingénieur a travaillé avec le cabinet juridique belge Ifori, spécialisé dans l’utilisation de caméras augmentées.
Pour chaque appareil, Stephan Rosseneu fournit une Analyse d’Impact sur la Protection des Données (Dpia) avec deux autres documents : une politique de confidentialité qu’il faut pouvoir montrer à chaque client qui le souhaite. Celui-ci peut aussi scanner un QR Code pour en prendre connaissance.
Un deuxième document précise enfin que l’établissement vend des produits interdits aux mineurs et que la technologie utilisée est faite pour lui permettre de mener à bien ses tâches. La Cnil – Commission nationale Informatique et Liberté – est au courant de la mise en place du dispositif. Photo : La Nouvelle République