Bic fête les 50 ans de son briquet. Suite de l’interview de François Clément-Grandcourt dans le Journal du Dimanche (édition du 26 mai), sur ce produit qui reste indétrônable malgré la baisse continue du nombre de fumeurs (voir 8 juin).
•• Le JDD : Le groupe BIC s’était diversifié à une époque avec des planches à voile, du parfum, des téléphones. Est-ce qu’il y a des produits qui pourraient ouvrir d’autres voies ?
François Clément-Grandcourt : Le tatouage. Depuis trois ans, BIC est rentré dans le domaine du tatouage avec différentes solutions de tatouage éphémère. Le groupe souhaite élargir ses activités et, typiquement, le tatouage en est une illustration.
•• Le JDD : Contrairement à de nombreux industriels qui pensaient que c’était mieux d’aller produire dans les pays exotiques à bas coûts, vous n’avez jamais quitté la France. Quels sont les avantages à produire dans l’Hexagone ?
François Clément-Grandcourt : Mais quelle chance de produire en France ! D’abord, il y a le savoir-faire humain. Si nous avons des usines de briquets aux États-Unis, au Brésil, en Espagne et en Chine, le personnel de l’usine principale de Redon dispose d’un niveau de savoir technique qu’il est difficile de trouver ailleurs, même aux États-Unis.
Si nous avons compris que nos briquets étaient reconditionnables, c’est parce que nous avons conservé tous nos outillages et nos salariés. La deuxième raison touche à la question du développement durable. Comme chaque usine sert son marché, on est beaucoup plus efficace au niveau du transport et de la logistique.
•• Le JDD : Souffrez-vous beaucoup de la concurrence chinoise ?
François Clément-Grandcourt : Environ 90 % des briquets importés sont non conformes aux normes de sécurité pourtant très basiques qui ont été décidées par la Commission européenne. Mais les Douanes n’ont plus les moyens de réellement contrôler tout ce qui entre dans l’Union.Résultat, chaque année, il y a en Europe 30 000 accidents graves à cause de briquets non conformes aux normes de sécurité. Un accident grave, c’est un adulte brûlé au deuxième ou troisième degré sur 5 % du corps.
•• Le JDD : Il y a des stylos BIC aux couleurs des Jeux olympiques, mais pas de briquets. Pourtant, il faut bien allumer la flamme !
François Clément-Grandcourt : BIC n’est pas sponsor des Jeux olympiques, mais le groupe a un partenariat unique sur des instruments d’écriture. Pour les briquets, c’eût été un peu trop compliqué à mettre en place, même s’il est vrai que chez BIC, on ne vend pas des briquets, mais des flammes.