Depuis cinquante ans, BIC est le premier vendeur mondial de briquets : 4,4 millions par jour dans le monde, 1,5 milliard par an. Et c’est l’activité la plus rentable de l’entreprise (la marque est le numéro deux mondial du stylo-bille) … et de loin, comme l’explique, dans le Journal du Dimanche (édition 26 mai), François Clément-Grandcourt, directeur général de la division Briquets du Groupe BIC.
Le JDD. Vous avez lancé le premier briquet jetable il y a cinquante ans. Et vous êtes toujours leader du marché. Comment expliquez-vous cette longévité ?
François Clément-Grandcourt : Si nous sommes toujours les premiers, c’est parce que nos produits sont plus économiques et plus écoresponsables. Les briquets asiatiques ont un maximum de 1 100 flammes pour un prix de 1,80 euro, quand nous sommes à 2 euros pour le triple d’allumage et une sécurité assurée.
Nos produits sont sûrs, fiables et pas jetables. L’appellation « jetable » est venue avec les rasoirs. Les briquets et stylos BIC sont prévus pour durer. Un stylo, c’est plus de trois kilomètres d’écriture, et un briquet, plus de 3 000 flammes.En moyenne, un briquet dure cinq ans. À l’origine, Marcel Bich s’était concentré sur le développement des stylos. Et puis il a eu l’opportunité de racheter la société Flaminaire, basée à Redon (Ille-et-Vilaine), qui est toujours notre usine principale pour les briquets.
Le JDD : Que représentent les briquets dans votre chiffre d’affaires ?
François Clément-Grandcourt : Ils pèsent 850 millions d’euros, soit 40 % du chiffre d’affaires, à égalité avec l’écriture. Mais surtout, ils représentent près de 80 % des résultats du groupe, soit plus de 250 millions d’euros en 2023.
Le JDD : Le recul du nombre de fumeurs n’affecte-t-il pas vos ventes ?
François Clément-Grandcourt : Il y a quelques années, certains pensaient que le recul de la consommation de tabac allait entraîner la disparition des briquets, mais non. Le briquet sert à tout. C’est un couteau suisse. Le premier usage d’un briquet, c’est dans la cuisine, car en Europe et en Amérique, la majorité de la population cuisine au gaz. Ensuite, 10 % des flammes au niveau mondial sont utilisées pour s’éclairer, et il y a les bougies d’anniversaire. La consommation mondiale est stable ou en légère croissance, autour de 2 % par an.
Le JDD : Concrètement, comment allez-vous recycler des briquets ?
François Clément-Grandcourt : Nos briquets sont composés de 19 pièces métalliques et plastiques, ce qui les rend facilement démontables. Mais c’est vrai que mettre en place des circuits de recyclage prend du temps, parfois plus de dix ans. En attendant, nous savons déjà réduire de 85 % notre impact en CO₂, en plastique, en eau et sur la biodiversité. Notre usine est même capable de recycler le gaz des briquets.
Le JDD : Pour accélérer ce processus, pourriez-vous envisager une consigne des briquets ?
François Clément-Grandcourt : Pourquoi pas. Mais ce genre de décisions relève de l’autorité publique. À l’échelle industrielle, nous pourrions avoir notre mot à dire, mais ce sont les États ou bien l’Union européenne qui décident.