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Ce 14 décembre, le gouvernement fédéral et les entités fédérées ont publié via le cabinet du ministre de la Santé publique, Frank Vandenbroucke, un communiqué à propos des mesures définies pour un plan national anti-tabac (voir 19 décembre).

Si Prodipresse (l’association belge des tabacs-libraires-presses qui se veut « réseau référent » / voir 30 novembre) soutient l’objectif d’une génération sans tabac, ses membres ne comprennent pas pour autant toutes les mesures annoncées par le ministre de la Santé. Nous reprenons l’intégralité de leur communiqué.

Avant toute chose, il nous semble important de mentionner qu’en se basant sur les chiffres de l’enquête tabac annuelle de la Fondation contre le cancer réalisée en 2021, on peut constater que le nombre de fumeurs ne diminue pas, contrairement à ce qui est annoncé dans le communiqué de presse du ministre. 

En effet, la proportion de Belges qui fument (27 %) reste au même niveau que l’année précédente. Elle est même plus élevée qu’avant la pandémie de Covid-19. Au quotidien, ce sont 20% des Belges qui fument (soit 1 sur 5). En partant de ce constat, Prodipresse comprend l’objectif d’une génération sans tabac et le fait que des mesures soient encore à prendre pour engendrer la diminution du nombre de fumeurs en Belgique.

•• Cependant, certaines des mesures annoncées par le ministre Vandenbroucke nous interpellent :

Dès janvier 2025, interdiction de fumer dans les espaces publics comme les parcs dattraction, les parcs animaliers et plaines de jeux mais pas d’échéance pour « éviter les rideaux de fumées » devant les hôpitaux et les écoles qui dépendent directement des différents gouvernements et où se trouvent les malades et les mineurs notamment ;

L’interdiction de vente de tabac dans les commerces d’alimentation de plus de 400 mètres carrés dès 2028 : pourquoi attendre cinq ans avant l’entrée en vigueur de cette interdiction ? Actuellement, la Belgique compte environ 11 000 points de vente de produits du tabac pour 23 500 en France alors que nos voisins comptent six fois plus dhabitants. La réduction du nombre de points de vente est pourtant une mesure phare réclamée par l’OMS depuis plusieurs années.

L’interdiction d’exposer des produits du tabac dans les commerces : quel impact aura cette mesure ? Actuellement, les paquets sont déjà neutres, disposent d’avertissements sanitaires, de photos et ne représentent donc plus d’attractivité pour les clients. Cela va également engendrer des coûts pour les petits commerçants qui devront investir dans des meubles fermés pour ranger les produits du tabac. Enfin, aucune date n’est mentionnée pour cette interdiction. Dès lors, comment s’y préparer ? Peut-on espérer un moratoire de cinq ans comme pour la grande distribution ou va-t-on nous imposer cette mesure en quelques mois comme d’habitude ?

Les contrôles des jeunes lors de l’achat d’un paquet de cigarettes seront renforcés. « Dès qu’une personne aura l’air d’avoir moins de 25 ans, le vendeur devra contrôler son identité » annonce le ministre. Comment sait-on que la personne « a lair davoir moins de 25 ans » ? Ne serait-il pas plus simple d’imposer à l’ensemble des consommateurs de présenter une pièce d’identité pour l’achat des produits dont la vente est interdite aux mineurs, comme au Canada pour le tabac et l’alcool ? Légalement, un vendeur n’a pas le droit d’exiger une carte d’identité et, si le client ne désire pas la lui présenter, il doit, selon l’inspection du SPF Santé, refuser la vente. À nouveau, les gouvernements se dédouanent de leur responsabilité en la faisant porter aux petits commerçants notamment.

Par ailleurs, aucune mesure ne parle des nouvelles technologies, alors que le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a publié en juin dernier un avis indiquant que si le vapotage comporte des risques, il est nettement moins nocif que la cigarette classique. À quand le réseau référent conseillé par le HCSP ? À quand une vraie législation sur les alternatives au tabac classique ? Pour rappel, les fumeurs de tabac traditionnel se trouvent majoritairement chez les libraires-presse, pas dans les vape-shops ou les pharmacies.

•• Avec nos collègues de Perstablo, nous avons déjà affirmé ensemble notre souhait que le réseau des libraires-presse indépendants devienne le réseau référent tabac. Cela nous permettrait dorienter les fumeurs de tabac traditionnel vers la e-cigarette. Quant à la disponibilité et l’accessibilité des cigarettes classiques (tabac), elles devraient être davantage restreintes.

Nous pensons sincèrement que le gouvernement a besoin d’aide, car il ne parvient pas :

à enrayer la hausse du nombre de fumeurs ;

 à contrôler le respect des législations quel que soit le type de point de vente et le contrôleur.

par ailleurs, il est également indispensable de lutter efficacement contre le marché parallèle. La Belgique est actuellement le second pays européen après la Pologne avec le plus dusines clandestines (qui produisent pour le marché externe mais également belge).

à plusieurs reprises, Prodipresse a proposé de rencontrer le Ministre Vandenbroucke, mais celui-ci ne répond jamais. À quand une véritable discussion sur une génération sans tabac en 2028 comme souhaité par le communiqué de presse du ministre de la Santé publique ? Dans six ans, les enfants de 2019 auront alors neuf ans, il est plus que temps d’agir… avant qu’il ne soit trop tard.