Le Docteur en santé publique et président de l’Alliance contre le Tabac alerte sur les dangers attribués au snus, produit interdit au sein de l’Union européenne sauf en Suède (voir 27 décembre) et incite à la prévention auprès de la jeune génération qui est, selon lui, la première cible des industriels.
Au passage, il met en cause (gratuitement) les buralistes … Extraits de l’interview dans Le Parisien édition Île-de-France (daté du 26 décembre).
• Le snus est considéré comme très addictif, est-ce vrai ?
Loïc Josseran : Oui, car contrairement à la cigarette, la nicotine contenue dans le snus n’est pas absorbée par les voies pulmonaires. Ce sont les muqueuses buccales qui vont permettre le passage. Il y a donc un contact direct et la nicotine va arriver très rapidement au cerveau, en seulement quelques secondes. Le cerveau du consommateur va ressentir des effets de pics. Il en raffole. C’est une récompense pour lui.
• Quel est le taux de nicotine dans un sachet ?
L. J. : Une boîte de snus équivaut à 75 cigarettes (cela peut varier et monter à 300 cigarettes dans certains cas, selon le snus acheté). On devient accro trois fois plus rapidement à la nicotine avec le snus qu’avec la cigarette. Quand on prend une charge de nicotine importante, on peut faire des malaises. Mais, c’est comme la cigarette, on n’est pas bien mais on y retourne.
Les industriels cherchent à faire rentrer les jeunes dans l’industrie du tabac par ces nouvelles pratiques. Les jeunes doivent prendre conscience qu’ils sont l’objet d’une publicité mensongère. Ils sont la cible. On commence à fumer avant 18 ans. S’ils n’attrapent pas les gamins avant cet âge, les industriels sont morts. Les buralistes sont aussi complices ( sic …). Tant qu’il n’y aura pas de vraies sanctions, ça va continuer (…).
• Depuis quand ce produit circule en France ?
L. J. : Ça fait deux ou trois ans. C’est arrivé par les sports de glace car ce produit est très populaire dans les pays nordiques, en Suède notamment. Les sportifs en consomment car la nicotine est un stimulant. L’Agence internationale contre le dopage se pose la question de placer la nicotine comme produit dopant. Puis il a conquis d’autres sports comme le football.
C’est le cas de Marcus Thuram, qui a été aperçu il y a quelques semaines avec ce qui ressemble à une boîte de snus à la main sur une photo publiée par Karim Benzema … J’en veux terriblement à ces sportifs qui ne se rendent pas compte de la portée de leurs actes. Ils sont des modèles. S’ils ont envie d’avoir des dentiers à 35 ans, c’est leur problème. Mais malheureusement, ils vont entraîner des gamins avec eux.
• En termes de prévention, qu’est-ce qui est mis en place ?
L. J. : Rien. Du point de vue de l’Alliance contre le tabac, on ne peut que le dénoncer et inciter les autorités à en faire. Il s’agit d’un produit encore nouveau. Je pense que le prochain PNLT (Programme national contre le Tabac) devrait se pencher sur ce problème. Photo : Le Parisien