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27 Déc 2022 | Observatoire
 

Le nouvel interdit à la mode ? Le snus – sorte de tabac à chiquer interdit dans l’Union européenne (sauf en Suède) – semble se populariser auprès de la jeunesse française annonce Le Parisien du 26 décembre (édition de Paris) dans un reportage dont les illustrations établissent la confusion entre le snus et le sachet de nicotine dont la réglementation n’est pas encore définie en Europe (voir 21 décembre et 17 octobre). 

Ce produit a déjà causé plusieurs malaises chez des jeunes, ces dernières semaines, dans des établissements scolaires d’Île-de-France. Chose rare, à Athis-Mons (Essonne), le collégien qui en avait distribué a été placé en garde à vue, toujours d‘après Le Parisien dont nous reprenons l’enquête. (Voir aussi l’enquête du Monde sur le sujet, le 27 novembre).

•• L’une des victimes, âgée de 13 ans, a été prise d’un malaise dans l’enceinte de l’établissement. Après avoir interrogé plusieurs élèves, le principal a rapidement identifié le « dealer » et appelé les policiers. Ces derniers ont retrouvé du snus dans le sac d’un adolescent de 13 ans. La victime, se sentant trompée sur la nature du produit, a déposé plainte pour administration d’une substance nocive.

« Une enquête est en cours », confirme le parquet d’Évry. « C’est la première fois qu’on nous parle de faits concernant du snus » reconnaît un commissaire du département, « il n’y a aucune directive spécifique sur ce sujet. Et c’est le spectre très bas de la délinquance. Donc, sur le terrain, on n’en cherche pas et quand on en trouve, on laisse passer. »

La vente de snus se propage un peu partout. Et parmi ses 633 établissements, l’académie de Créteil (Val-de-Marne) a par exemple relevé « quatre situations ayant conduit à appeler les urgences » entre fin septembre et mi-octobre 2022, indique Cécile Tabarin, directrice de cabinet adjointe au rectorat de l’académie. A contrario, l’académie de Paris assure ne pas avoir été sollicitée « concernant cette consommation, ni par les élèves ni par les équipes pédagogiques des établissements ».

•• Pourtant, il suffit de se rendre aux abords des lycées parisiens pour trouver facilement des consommateurs, poursuit Le Parisien.

Exemple : un élève de 17 ans, en première dans un établissement de l’ouest de la capitale, consomme du snus depuis « deux ans à peu près ». Franco-Suédois, il a commencé à 15 ans, avec ses cousins. Puis il a très rapidement augmenté sa consommation. « Ça rend accro rapidement » confie-t-il, « depuis deux mois, j’en consomme cinq à six par jour. Et je garde chaque snus entre trente minutes et une heure dans ma bouche. Pendant les cours, j’en ai souvent un dans la bouche. »

Et le bouche-à-oreille fait son œuvre. Il suffit de se rendre sur le réseau social TikTok, où le hashtag #snus totalise plus d’un milliard de mentions, pour se rendre compte du phénomène.

•• Interdit à la vente en France, le snus peut être acheté par boîtes en quelques clics sur Internet via des sites suisses ou suédois. Mais une grande partie de la vente s’effectue aussi sur Snapchat ou Instagram. Une méthode plus discrète pour le lycéen de 17 ans, dont la famille ignore qu’il en consomme.

« Je me fais livrer. Je pourrais commander sur Internet mais il faudrait que je paie en carte et me fasse livrer chez moi » détaille le jeune homme. Une boîte contient 20 sachets et coûte 10 euros … Il en achète 8 pour le mois. Soit un total de 80 euros mensuels pour le jeune homme qui finance sa consommation « avec l’argent gagné grâce à des jobs d’été ».

Ses boîtes, il se les fait livrer aux abords de son lycée, « dans des petites ruelles aux alentours  ». « Une fois je me suis fait arrêter par la police quand j’étais en train d’en acheter. Ils m’ont vu faire la transaction devant le lycée. Ils m’ont fouillé, je leur ai expliqué ce que c’était et qu’on en trouvait même sur Amazon. Ils ne m’ont rien dit et m’ont laissé tranquille.

•• Au sein de l’académie de Créteil, même si « aucun phénomène de consommation forte au sein des établissements » n’a été relevé, un travail « d’information est effectué auprès des adultes pour qu’ils soient bien informés sur la forme de ce produit et ses effets », indique Cécile Tabarin. « Un travail individuel peut être mis en place pour l’élève concerné. Nous pouvons aussi accompagner les parents pour les orienter vers des services adaptés. »

Considéré comme « marginal », le snus commence à être inclus dans les programmes de prévention. « Toute la question est de savoir à quel moment mettre en place une action de prévention massive. Nous y réfléchissons et elle pourrait avoir lieu si la situation prend de l’ampleur au sein des établissements » conclut le rectorat.