À la demande de la ministre de l’Environnement, le Conseil supérieur de la Santé (CSS) vient de publier son avis sur l’impact des filtres à cigarette sur la santé publique et l’environnement en Belgique.
Sa conclusion est sans appel : il recommande l’interdiction générale des filtres tant en Belgique qu’au niveau européen. Les filtres, dit-il, doivent être considérés comme des produits plastiques à usage unique difficilement dégradables, au même titre que les sacs plastiques jetables, selon rtbf.be.
Soit la même position que le CNCT (Comité national contre le Tabagisme français / voir 6 février).
•• Pour le CSS, les filtres de cigarette font même plus de mal que de bien : « ils procurent aux fumeurs un faux sentiment de sécurité, leur faisant croire, à tort, que le filtre réduit les effets nocifs de la fumée de tabac. Le filtre bloque bien une partie des particules de suie et de nicotine, mais en réalité, la modification du mode de combustion augmente même la formation de substances cancérigènes ».
D’après l’institution, les études suggèrent qu’une interdiction des filtres rendrait le tabagisme moins attrayant : puisque les filtres diminuent la sensation d’irritation des voies respiratoires, empêchent d’avoir du tabac dans la bouche et procurent une sensation moins désagréable.
Voilà pourquoi le Conseil estime qu’une interdiction des filtres pourrait indirectement réduire le nombre total de cigarettes fumées. À l’occasion d’une étude néerlandaise (voir 18 avril), portant sur la réaction des fumeurs à une éventuelle interdiction des filtres à cigarettes à usage unique, 12 % des répondants ont indiqué qu’une interdiction des filtres serait une raison d’arrêter de fumer ou de fumer moins.
•• Concernant la pollution générée par les mégots, le CSS s’oppose à l’idée de remplacer les filtres actuels par des alternatives biodégradables, qui libéreraient quand même toujours des sous-produits toxiques dans l’environnement, et donneraient une fausse meilleure conscience aux fumeurs lorsqu’ils jettent leurs mégots par terre.
•• Première réaction de Philip Morris Belgique selon la rtbf : il estime la recommandation d’interdiction des filtres « irréaliste, inefficace et contre-productive ». Il la juge contraire à la Directive européenne sur les produits du tabac; inefficace, car selon le cigarettier, cela alimenterait le marché parallèle (illégal ou acheté à l’étranger). Le fabricant entendant, lui, encourager les alternatives sans fumée.