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9 Oct 2016 | Trafic
 

Barbès

Au détour d’un reportage sur les migrants s’installant à Paris, le supplément M du Monde, daté du 8 octobre, nous plonge dans un business qui n’a jamais autant prospéré (voir Lmdt des 7 juillet et 10 mai 2016 ainsi que du 8 février 2015). Extraits.

•• Barbès, dans le 18ème arrondissement parisien, il y a Tati, institution à l’enseigne Vichy. En face, une brasserie bobo à l’architecture Art Déco. À un autre angle, le Louxor, cinéma d’art et d’essai à la façade néo-égyptienne. Et au cœur de ce triangle qui attire tout Paris : le plus grand tabac à ciel ouvert de la capitale !

« Marlboro bled », « Marlboro bled » ; « Legend », « Legend », susurrent à qui mieux mieux les pseudo-buralistes spécialisés dans la cigarette de contrebande. Khaled les connait tous. Depuis six ans, cet Algérien de 32 ans qui dépasse de peu le mètre soixante arpente ce périmètre dans son costume trois pièces : jogging, casquette, baskets (…)

••« Quand je suis arrivé en 2010, je réussissais à gagner ma vie. Aujourd’hui, il y a trop de monde, au moins 500 personnes comme moi, sans papiers » estime-t-il au jugé. « Des Syriens ? » lui demande-t-on, en faisant allusion aux réfugiés fraîchement arrivés à Paris. « Non c’est impossible ! Ils ne pourraient pas rester avec nous. On n’a pas la même mentalité ! On est trop nerveux … » justifie-t-il. Une manière de dire que la vente des cigarettes sur ce carrefour est trustée par des Maghrébins.

Gare aux nouveaux venus tentés par ce commerce qui n’est plus si lucratif : « à Barbès, il y a souvent des bagarres à côté du métro, soit pace qu’un mec a vendu des cigarettes au client d’un autre, soit parce qu’il a pris sa place », commente le vendeur (…)

•• Des témoignages comme ceux-ci, on en entend souvent chez les « lascars » de Barbès. Lazar ne déroge pas à la règle. Âgé de 37 ans, cet Algérien au visage poupin a également commencé comme vendeur dans la rue avant de se spécialiser dans la livraison de cigarettes « à domicile » (…)

•• À Barbès, Khaled a beau faire maintenant partie du décor, il ne se sent plus le bienvenu : « c’est dur de vendre des cigarettes. Trop dur. Tu sens que tu es un pauvre, mais je n’ai pas le choix ». La rudesse de « ce métier » pousserait les moins débrouillards à voler (sic).