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12 Fév 2025 | Profession
 

Le Progrès / édition Rhône de ce 11 février publie un cahier spécial Économie intitulé « ces commerces qui font vivre nos villages ».

Parmi les témoignages, Éric et Cathy Marti qui ont repris un bar-tabac-restauration à Marcilly-d’Azergues (21 kilomètres au nord de Lyon) en 2022. Ils ont également redonné vie à l’épicerie attenante, qui avait baissé le rideau le 31 décembre 1983. Depuis, leur aventure entrepreneuriale connaît un succès grandissant …

C’est un lieu qui fait « perdurer l’esprit de village », que de nombreuses communes pourraient envier à celle de Marcilly-d’Azergues.

•• En 2022, Éric Marti, conseiller industriel à l’international, décide, avec sa femme Cathy, coiffeuse de formation, de racheter le seul commerce du village : le bar-tabac. Le propriétaire depuis 32 ans souhaitant arrêter l’activité, l’ombre d’une fermeture définitive planait sur le seul commerce de ce village d’environ 1000 habitants. « Ce bar était un lieu que je fréquentais. Ma femme venait ici avec son père quand elle était petite. Un soir, en discutant, on s’est dit qu’on allait racheter ce commerce », raconte Éric.

Lui, passionné de cuisine, hérite de l’influence de son grand-père boucher et des mères de sa famille, tandis qu’elle, dotée d’un excellent sens du contact, voit dans ce projet une belle opportunité. « Nous connaissions la clientèle, le potentiel de développement. Il fallait juste s’y atteler et sauter le pas », poursuit-il.  

Le couple souhaite proposer une activité bar-vente de tabac-restauration puis, plus tard, redonner vie à l’épicerie attenante, qui avait fermé ses portes le 31 décembre 1983. Mais dans un contexte post-crise sanitaire, les financements sont difficiles à trouver, surtout pour ouvrir un restaurant. Éric Marti élabore alors un business plan.

•• Et les résultats dépassent toutes ses attentes. « Par rapport au prévisionnel, nous avons atteint la première année le chiffre d’affaires que nous avions prévu en année 3 », se réjouit Éric Marti.

Alors que la stratégie initiale était de développer l’activité bar et tabac, c’est pourtant bien la restauration qui génère aujourd’hui plus de 60 % du chiffre d’affaires de la structure, bien que le restaurant ne soit ouvert que le midi.

Entre 40 et 50 couverts peuvent être servis en hiver et encore plus grâce à la terrasse en été. « Notre concept de cuisine de famille revisitée a trouvé son public. Nous offrons aussi une expérience : un bistrot d’antan, où l’on vient prendre l’apéro, passer à table, puis prolonger l’instant au comptoir autour d’un café », explique-t-il.  

Dans un contexte économique tendu, marqué par la hausse des matières premières et du coût de l’énergie, couplé à une baisse du pouvoir d’achat, les commerces ruraux doivent redoubler d’ingéniosité. Éric et Cathy Marti ont dû adapter leur gestion.

« D’abord, nous avons réduit nos marges. Ensuite, nous avons acheté plus intelligent. Si on regarde les chiffres, on observe une hausse de près de 15 % du coût des matières premières. Mais en achetant mieux, en privilégiant les circuits courts mais sans jamais rechigner sur la qualité des produits et en négociant intelligemment, nous avons compensé cette hausse et économisé 17 points », analysent-ils.  

•• Désormais, l’entreprise familiale, qui ne compte qu’un seul employé en plus du couple, réfléchit à renforcer son équipe. « C’est encore trop tôt. Nous ne sommes même pas à trois ans d’activité. Pour le moment, nous tâchons de supporter la croissance », dit-il.

Mais plus que les chiffres, Éric et Cathy Marti savourent avant tout une réussite humaine. « Si personne n’avait repris ce commerce avec cet état d’esprit, cela aurait été une véritable catastrophe. Des lieux comme celui-ci, où jeunes et anciens se croisent et échangent, sont indispensables à la survie des villages et de leur âme », concluent-ils. (Voir 6 février 2025 et 24 août 2024).