Dans les mois qui viennent, il en coûtera peut-être plus cher de se rendre en Andorre. La Principauté envisage la mise en place d’une taxe pour les véhicules étrangers qui sont de passage sur le territoire … (voir 22 août). Où en sommes-nous ?
Seuls les excursionnistes, qui passent au moins une nuit sur le territoire andorran, seraient exemptés. Le prix de ce passe-droit serait susceptible de varier « selon la période de l’année, en fonction de la haute ou basse saison touristique », explique la presse catalane reprise dans un dossier de La Dépêche du Midi.
L’objectif d’une telle mesure : lutter contre les nuisances de la pression touristique qui étouffe ce pays de seulement 85 000 habitants.
•• En 2023, près de 9 millions de visiteurs ont traversé les frontières andorranes, soit l’équivalent de 30 touristes par habitant selon le Routard. Chaque année, le nombre de visiteurs augmente quant à lui de 10 %. Le gouvernement andorran avance pourtant à tâtons sur la question du tourisme. Le secteur représente 50 à 60 % du PIB national : difficile donc de lui taper dessus.
« C’est un sujet tabou ici » commente le politologue andorran Yvan Lara, « jusqu’à présent, il était davantage question de limiter la population qui habite de façon permanente en Andorre. Mais depuis quatre ou cinq ans, la limitation des flux touristiques est une idée qui prend de l’ampleur dans le débat public ».
•• De quoi inquiéter les commerçants andorrans qui se disent qu’une taxe sur les véhicules étrangers, ce serait un peu la fin des bonnes affaires dans la Principauté.
C’est d’ailleurs pour cette raison que la Chambre de Commerce a récemment rejeté en bloc la proposition du gouvernement qu’elle juge « contre-productive », selon les termes employés par le Diari d’Andorra : une telle taxe « aura un impact négatif surtout sur la restauration et sur le secteur commercial », affirme l’entité.
Inquiétude aussi du côté des Ariégeois qui passent chaque jour la frontière pour aller travailler, ainsi que chez les 1 500 travailleurs transfrontaliers qui résident en Espagne, tous concernés par cette mesure potentielle.
•• Les autorités andorranes elles, ne souhaitent pas brusquer : « On ne veut pas entrer dans la tourismophobie », insistait il y a quelques jours Xavier Espot, chef du gouvernement d’Andorre, au micro de Catalunya Radio, « nous voulons continuer à être un pays touristique, mais nous voulons parier sur un tourisme plus qualitatif ».
De quoi sonner la fin de l’âge d’or des cigarettes et de l’alcool à bas prix ? Le gouvernement andorran prend donc des pincettes. Pas question de parler de punition pour les visiteurs d’un jour, juste d’une mise à niveau.
L’exécutif andorran prend en ce moment le pouls auprès des « agents économiques et sociaux ». Il se donne « au moins jusqu’à la fin de l’année, pour pouvoir réfléchir à la pertinence de cette mesure ».