En Belgique, le prix des cigarettes a bondi de 20 à 25 % en juillet dernier comme prévu (voir 27 décembre 2023). L’alignement progressif des prix belges sur les Français pourrait-il renforcer l’ampleur des achats frontaliers (voir des trafics) avec le Luxembourg ?
Reportage dans La Voix du Nord côté belge à Roisin (23 kilomètres de Maubeuge).
•• À la sortie de la station-service de Roisin, on croise un septuagénaire qui range une cartouche dans son coffre. Il vit dans l’Aisne et est venu rendre visite à sa fille qui habite dans le secteur. « Il n’y a plus beaucoup de différences de prix entre les deux pays » regrette le retraité qui n’avait pas eu connaissance de la hausse des prix estivale. « L’essence est même moins chère dans l’Aisne qu’ici. »
Et si on lui proposait des cigarettes luxembourgeoises à moindre prix ? « Je n’accepterai pas ! C’est du recel ! », rétorque aussi l’automobiliste avant de reprendre la route.
•• Ludovic a l’habitude de parcourir les quinze kilomètres qui le séparent de Roisin tous les quinze jours pour y acheter une cartouche de cigarettes.
Malgré la récente hausse des prix en Belgique, « ça reste rentable quand même car j’habite à côté. Le Luxembourg, en revanche, c’est trop loin. J’en prendrai là-bas si je passais devant mais je n’irai pas exprès ». Certains de ses collègues, en revanche, ont pris le pli de faire le trajet. « C’est un peu compliqué d’arrêter, alors j’en rachète encore, mais au compte-goutte. »
•• La forte augmentation des prix du tabac en Belgique ? Ça n’a pas échappé àFrédérique (photo). «Là, mon pot de 100 grammes est passé de 27 à 38 euros, montre la jeune femme. Et mon paquet de News est à plus de 10 euros. Il était à 7. »
Du fait de la proximité de la frontière, elle continue à s’approvisionner en Belgique lorsqu’elle en a l’occasion. « Il reste encore deux euros d’écart. » Parcourir six heures de route pour ramener des cigarettes quasi deux fois moins cher ? « Je connais des gens qui vont parfois en prendre au Luxembourg. Mais je ne leur ai jamais demandé qu’ils m’en ramènent » de peur de leur attirer des ennuis.
•• Malo a repris, voilà quatre ans, la station belge Drinks Honnelles de ses parents. Sur le parking de l’entreprise familiale, on remarque autant de plaques d’immatriculation belges que françaises. Mais chacun a ses habitudes. « Le Belge prend juste un paquet, le Français achète des seaux », observe le jeune gérant.
Depuis l’augmentation des prix, « il y a quand même des gens qui continuent de venir mais ils prennent moins, ils essaient de diminuer. » Malo enregistre une baisse de 15 à 20 % de clientèle. « Les gens ne s’en cachent pas, ils vont au Luxembourg. » Photo : La Voix du Nord