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24 Mar 2022 | Observatoire
 

Près de 7 salariés dépendants à un produit sur 10 ont vécu une période de rechute avec la période du confinement, selon une étude réalisée par Odoxa en avril 2020 et approfondie par le cabinet GAE Conseil, spécialisé dans la prévention des addictions en milieu professionnel. 

« Avant 2020, le profil type du salarié suivi en accompagnement était un homme, 50 ans, non-cadre, dans le secteur des transports ou du BTP » indique, dans Le Parisien, Alexis Peschard, addictologue et président de GAE Conseil. « Depuis, on reçoit davantage de femmes (25 % contre 1 % avant 2020), autour de 40-45 ans, plutôt cadre, avec une profession tertiaire et en télétravail. »

•• Généralement sollicité pour des problématiques de produits (alcool, tabac, médicaments, …), le cabinet GAE Conseil constate ainsi que le télétravail a accru également l’ultra connexion aux écrans. Une attitude qui peut parfois révéler des comportements excessifs plus particuliers, comme les jeux d’argent et les achats compulsifs.

Il cite le cas d’un cadre, avec 10 000 euros de revenus, qui dépensait son salaire en jeux de hasard, et se retrouvait à découvert au milieu du mois.

•• Alice Denoize, tabacologue, a reçu des salariés qui ont fumé davantage pendant les confinements puis en poursuivant le télétravail : ils la consultent désormais pour arrêter. D’autres ont repris après une longue période d’abstinence.

La même professionnelle souligne donc les écueils du télétravail. Elle cite « l’isolement et la perte de lien social qui génèrent un besoin de compenser par un produit (alcool, tabac, cannabis, médicament) » ; « le stress alimenté par les mails tardifs » ou encore « les demandes de travail le week-end ».

« La boisson ou la cigarette devient une béquille et un compagnon », explique Alice Denoize. Et l’interdit du tabac en intérieur est tombé chez les célibataires qui travaillent chez eux. « J’ai vu des personnes fumer en entretien à distance avec moi, elles ne l’auraient jamais fait en face-à-face », constate-t-elle.

•• « En 2021, les entreprises et leurs DRH ont compris qu’elles devaient agir, non plus sur des situations individuelles, mais sur l’organisation de l’entreprise, pour prévenir les risques liés au travail à domicile, préconiser les bonnes pratiques, former les manageurs » constate Alexis Peschard. « Et depuis 2022, ils ont une nouvelle réflexion sur le travail hybride, les rythmes de travail et leurs conséquences sur les dépendances. »