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6 Jan 2019 | L'Info
 

Le Royaume-Uni n’est pas seulement l’initiateur du « Stoptober » (Mois sans tabac / voir Lmdt du 25 septembre 2018).

Lancé en 2013, le « Dry January » – ou « Janvier Sec » – consiste à ne pas boire une goutte d’alcool pendant tout le premier mois de l’année, après les excès des fêtes. Ce défi, de plus en plus populaire outre-Manche, commence à faire des émules en France.

« Cette initiative avait un écho relativement faible en France les dernières années, mais elle semble prendre un peu plus. Il s’agit de la soutenir et de la promouvoir », observe Jean-Michel Delile, psychiatre et président du réseau français Fédération Addiction.

•• En 2018, 4 millions de Britanniques y ont participé et plus de 100 000 se sont inscrits sur le site de l’opération ou ont téléchargé l’application associée, selon l’association, rebaptisée depuis Alcohol Change UK. Un succès qui s’explique par un objectif « pragmatique » qui « ne diabolise pas la consommation d’alcool » en soi, selon Jean-Michel Delile.

L’aspect ludique et communautaire aide aussi, explique à l’AFP le Pr Michel Reynaud, président du Fonds Actions Addictions : « c’est une façon intelligente d’utiliser les réseaux sociaux, avec des groupes de gens qui s’entraident. C’est plus facile que d’arrêter tout seul ».

•• « Ce n’est pas un gadget, c’est une très importante initiative de santé qui a fait la preuve de son efficacité », ajoute le psychiatre Jean-Michel Delile. Les effets de ce mois d’abstinence se font en effet ressentir sur la consommation d’alcool le reste de l’année, d’après une enquête auprès de 800 participants au « Dry January » de 2018.

En août, les personnes interrogées déclaraient boire en moyenne 3 jours par semaine, contre environ 4 auparavant, et avoir été ivres 2 fois dans le mois, au lieu d’un peu plus de 3 fois. Le nombre de doses d’alcool consommées a lui aussi décliné.

88% des participants à l’étude estimaient avoir économisé de l’argent, tandis que 71% affirmaient mieux dormir. Une majorité jugeait aussi avoir plus d’énergie, avoir perdu du poids ou encore avoir une peau de meilleure qualité.

•• Pour que la greffe prenne en France, où la consommation est moins concentrée sur le week-end qu’au Royaume-Uni, il faudrait toutefois adapter l’opération aux « modes de consommation locaux », juge Jean-Michel Delile. On pourrait imaginer se passer d’alcool pendant une semaine, ou un ou deux jours par semaine, avance le président de Fédération Addiction.

Il faudrait aussi un soutien des pouvoirs publics, notent les associations, à l’instar du « Mois sans tabac », organisé en France depuis trois ans.

« Vu la pusillanimité des pouvoirs publics sur l’alcool, ce n’est pas eux qui prendront l’initiative, il faut que ça soit la société civile », doute toutefois Michel Reynaud selon lequel le Gouvernement ne cesse de repousser la publication de son nouveau Plan de Lutte contre les Addictions.