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20 Août 2017 | Profession
 

Continuons à surfer sur le buzz médiatique de ces derniers jours (voir Lmdt des 19, 18, 17 et 16 août).

DU PUNCH

Exercice questions-réponses pour Patrick Falewee (président de la fédération des buralistes du Nord) avec son passage sur « Les Grandes Gueules » de RMC Info, le 17 août :

. Patrick Falewee : « Le paquet neutre ne marche pas. Il n’a pas l’effet escompté sur nos ventes. Les gens n’ont pas changé leurs habitudes. Et puis, il y a une inexactitude dans tout ce qui circule dans les médias : ce n’est pas + 9 % mais 0,9 % d’augmentation des ventes. Il faut d’abord remettre les chiffres d’aplomb !

« Et maintenant, après le paquet neutre, il y a cette perspective du paquet à 10 euros ! Non pas que nous soyons contre une politique de hausses de prix progressives et programmées mais Emmanuel Macron, dans son programme électoral, avait proposé de l’intégrer dans une harmonisation européenne ».

. « Mais c’est si difficile à faire … » (un contradicteur)

. P. F. : « Je sais bien, mais c’est Gérald Darmanin, lui-même, qui a déclaré que, déjà, le paquet neutre n’aurait d’effet que quand tous les pays européens iront dans le même sens … Mais l’urgence est de lutter contre les réseaux parallèles et la contrebande du tabac, puis de prendre des initiatives fortes pour harmoniser les prix. Si on ne va pas dans ce sens, les gens fumeront toujours et iront chercher ailleurs du tabac en déstabilisant nos points de vente ».

. « Au Royaume-Uni, la consommation baisse avec des prix forts … »

. P. F. : « Il faut regarder tous les chiffres. J’ai connu l’époque où les British venaient chercher du tabac moins cher chez nous. Maintenant, ce sont des camions de contrebande qui passent la Manche … On ne parle pas de tous les chiffres ».

. « Mais combien de collègues avez-vous perdu ? »

. P. F. : « Dans le Nord-Pas-de-Calais, une centaine entre 2015 et 2016. À cause de la proximité de la Belgique où les points de vente concurrents pullulent à la frontière et se font des c… en or. Il faut trois jours pour y ouvrir une boutique tabac ».

. « Chez les buralistes, vous vendez de plus en plus de tabac à rouler … »

. P. F. : « C’est justement sur le tabac à rouler que la Belgique nous concurrence le plus, avec de grands seaux proposés avec des cadeaux ! Dans ce contexte, faire passer les prix de 7 à 10 euros, c’est provoquer un effondrement de notre réseau et une explosion de tous les trafics.

Sachez, par exemple, que l’on passe du tabac à dos d’homme dans la montagne entre Andorre et la France pour inonder les métropoles du Sud … Tellement les trafiquants ont d’argent à se faire. Vous comprenez, alors, pourquoi nous sommes contre le paquet à 10 euros ! ».


« D’AUTRES MANIFESTATIONS »

Gérard Vidal (président de la commission Marché parallèle et Ventes transfrontalières de la Confédération) sur France 3 Midi-Pyrénées, le 16 août. Sur le paquet à 10 euros : « des annonces comme cela, on en veut pas … s’il n’y a pas un tour de table entre les élus de la profession  et tous les ministères concernés, il y aura d’ autres manifestations de buralistes ».


UNANIMITÉ SYNDICALE À L’EST

Dans L’Union du 17 août. À propos du paquet neutre.

• Alain Sauvage (président de la fédération des buralistes de l’Est) : « C’est un échec total. Les ventes n’ont pas baissé et ont même augmenté. Cela n’a pas eu l’effet escompté car les gens ne fument pas le paquet mais ce qu’il y à l’intérieur.

« On a encore fait du zèle en France en allant au-delà de la directive européenne. Celle-ci prévoyait en effet de pouvoir garder l’identité visuelle des marques, même en petit, ce qui nous aurait facilité la tâche.

« Dans cette histoire, tout le monde est perdant. Cela est en effet revenu cher à l’État qui a repris les stocks d’anciens paquets, cela nous a compliqué le travail en multipliant par deux le temps de gestion et cela n’a pas fait baisser les ventes ».

• Jacques Héry (président des buralistes de l’Aisne) : « Une fois passés le dégoût et la surprise dans les premières semaines, les gens font aujourd’hui totalement l’impasse sur le paquet. Il est maintenant totalement passé dans les mœurs et les fumeurs ne le cachent plus comme au départ.

« Parfois, on a l’impression que ce paquet neutre est plus destiné contre les buralistes que contre le tabagisme. Pourtant, pour reprendre un de nos slogans, ce n’est pas en faisant disparaître les buralistes que l’on fera disparaître le tabagisme ».

• Christophe Biani (président des buralistes des Ardennes) : « Le paquet neutre n’a rien fait, n’a aucun impact chez les fumeurs. S’il y avait les mêmes prix entre Le Luxembourg, la Belgique et la France, on serait les rois du pétrole. Je réembaucherais une personne sans problème ! ».


« ESCLAVES DU TEMPS PERDU »

Sur France Bleu Touraine, le 17 août, Matthieu Meunier (président des buralistes d’Indre-et-Loire) : « On a la preuve : le paquet neutre que l’État nous a infligé, faisant de nous des esclaves du temps perdu sur les livraisons, n’apporte strictement rien. Le gore ne dégoûte pas les jeunes. Nous avons toujours dit qu’il fallait de la prévention et essentiellement de la prévention. Et que l’augmentation des tarifs ainsi que le paquet neutre ne changeraient absolument rien ».


ÉLÉMENTAIRE

Sur BFM TV, LE  17 août. Toujours à propos du paquet neutre. Cyrille Geiger, buraliste à Paris : « À partir du moment où l’on admet qu’il y a addiction quand on se met dans le tabac, cela veut forcément dire que ce n’est pas la couleur d’un paquet qui va changer l’addiction ».


« ILS IRONT PLUS À L’ÉTRANGER » 

Dans Nice Matin du 18 août, Christian Walosik (président des buralistes des Alpes-Maritimes). Sur le paquet à 10 euros.

« Vous savez, un paquet de cigarettes sur trois n’est pas acheté dans le réseau officiel des buralistes. On a perdu près de 33 % de consommateurs partis s’approvisionner sur internet et surtout à l’étranger (…) En Europe nous sommes le pays le plus cher à part le Royaume-Uni. Et le souci, c’est que nos voisins le sont beaucoup moins : l’Italie, l’Espagne, la Belgique, l’Allemagne et le Luxembourg (…) 

« Si demain, le paquet est à 10 euros en France, les gens iront encore plus à l’étranger, les taxes ne rentreront plus dans le pays et les buralistes frontaliers vont continuer de fermer. À cause de la proximité avec l’Italie, à Menton on a perdu 50 % des buralistes depuis 2003, sur tout le secteur !

« Malgré la hausse des prix, les gens fumeront mais différemment. Avec la proximité des frontières, ils prendront leur voiture (…) ».