Comment rebondir après deux ans de pandémie lorsqu’on vend principalement des briquets et des stylos, alors que la cigarette et les lettres manuscrites semblent appartenir au siècle dernier ? C’est le défi auquel fait face le groupe de luxe français ST Dupont (voir 31 octobre 2017), qui fête cette année ses 150 ans.
Nous reprenons la dépêche, signée Katell Prigent, que l’AFP à ce sujet.
Pour les briquets, « on a de la chance, nous n’avons pas beaucoup de concurrence », relève auprès de l’AFP le PDG de ST Dupont, Alain Crevet. Il note également « une très forte croissance d’un certain art de vivre où l’on se retrouve entre amis avec un bon cigare, autour d’un verre ». « Cela s’est beaucoup développé dans tous les pays du monde » avec la multiplication des « lounges » (salons privés), souligne M. Crevet.
•• Surfant sur cette mode du cigare, ST Dupont, détenue par la compagnie hongkongaise DD International, a passé un « accord à long terme » avec le producteur cubain Habanos pour créer des séries limitées d’un millier d’exemplaires de briquets, stylos ou cendriers à l’effigie des marques Cohiba ou Montecristo.
Aux États-Unis, les briquets se vendent « grâce aux lounges », selon le PDG qui a « bon espoir » que le pays devienne « dans les deux, trois ans à venir, un des gros marchés de Dupont ». « Pendant longtemps nous avons été assez peu présents » aux États-Unis qui sont aujourd’hui l’un des principaux marchés du luxe, explique Alain Crevet, mais depuis peu « on a une croissance rapide. Les derniers chiffres se rapprochent des marchés japonais et coréen ».
Géographiquement, « la Corée, le Japon et la Chine représentent 50 % des affaires de Dupont (…) La France et l’Europe représentent 40% et les 10% restants se partagent entre Amérique du nord et Moyen-Orient », ajoute-t-il.
•• Mais c’est en Haute-Savoie, dans une usine à Faverges, qu’une centaine d’employés fabriquent à la main les briquets. Ceux-ci sont ensuite vendus entre 49 euros et … 45 000 euros et représentent 54 % des ventes de ST Dupont, qui ont atteint 42,5 millions d’euros sur l’exercice décalé 2021/2022.
Les stylos, vendus entre 140 euros et 3 200 euros, représentent 16 % du chiffre d’affaires et, comme pour les briquets, le marché se développe aux États-Unis.
La clientèle est composée « de collectionneurs, des gens qui aiment utiliser une plume », explique Alain Crevet qui, sur ce secteur, fait face aux leaders du marché tels que Montblanc, Visconti ou Montegrappa. Et la marque cible de plus en plus les femmes, avec des stylos plus légers et des briquets plus fins et plus petits.
ST Dupont, qui affichait une perte nette de 4,5 millions d’euros en 2021/2022 (contre 14 millions d’euros sur l’exercice précédent), souhaite aussi « relancer la maroquinerie », ce « qui demande d’avoir davantage de boutiques en propre » pour un groupe qui vend essentiellement dans des grands magasins ou chez des détaillants. Photo : ST Dupont