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10 Mai 2023 | Vapotage
 

Les vapoteuses à usage unique sont sur la sellette. Le ministre de la Santé s’est dit favorable à leur interdiction (voir 3 mai). Décryptage d’Amélie Ruhlmann dans Le Figaro qui souligne la réaction des acteurs économiques du vapotage. Extraits. 

(…) L’offensive du ministère vise avant tout à protéger les plus jeunes face à ce produit accusé de favoriser le tabagisme. Plus faciles d’utilisation que les modèles traditionnels, les «puffs» sont aussi moins chères que les autres produits de vapotage: vendues moins de 10 euros, elles sont deux fois moins onéreuses que la concurrence. Pour ce prix modique, les usagers ont le choix entre des dizaines d’arômes acidulés … Des parfums enfantins qui en disent long sur la clientèle ciblée par certains fabricants (…) 

•• Le directeur de l’association suisse pour la prévention du tabagisme, Luciano Ruggia, a recensé plus de 260 000 différentes « puffs » sur un site chinois qui livre toute l’Europe. Il a pu constater que nombreux sont les produits proposant 50 ou 60 milligrammes par millilitre, quand la loi européenne interdit, en principe, les cigarettes contenant plus de 20 milligrammes de nicotine par millilitre.

Les vidéos mettant en scène des «puff bar challenge», soit des défis incitant les adolescents à aspirer le plus vite possible sur leur puff avant d’être étourdi ou de tomber dans les pommes, semblent en attester.

•• Préoccupées par l’ampleur du phénomène, les institutions sanitaires ont récemment multiplié les mises en garde à l’intention des pouvoirs publics et des consommateurs : l’Académie de Médecine dans un communiqué (voir 2 mars 2023) ; une tribune signée par vingt personnalités du monde de la santé appelant à « interdire d’urgence la puff, fléau sanitaire et environnemental » (voir 3 mai 2023).

Cette tribune fait écho à une proposition de loi visant à interdire les vapoteuses à usage unique, déposée en novembre dernier à l’Assemblée (voir 10 novembre 2022).

•• Les acteurs du vapotage n’entendent toutefois pas se laisser faire. Fabricants, gérants de boutiques spécialisées, bureaux de tabac … tous craignent de perdre la manne financière lié à ce vapotage « sans engagement », qui a rapporté près de 100 millions d’euros de recettes l’an passé aux buralistes.

« Nous demandons d’abord une concertation avant de céder à la facilité et d’interdire un produit que l’on charge de tous les maux » plaide Vincent Durieux, président de France Vapotage (voir 20 février 2023). Prohiber les « puffs » lui semble aussi absurde qu’« interdire les voitures sous prétexte qu’il arrive des accidents ». Le produit étant interdit aux mineurs, Vincent Durieux estime que c’est « aux pouvoirs publics, et non aux professionnels de faire appliquer la loi ». Il soutient au passage qu’« aucune étude ne démontre les risques d’addictions des puffs sur les adolescents ».

Responsable des relations extérieures chez Seita, l’une des sociétés de tabac commercialisant la « puff » en France, Cyril Lalo est lui aussi sceptique. « L’interdiction, ce n’est jamais la panacée » soupire le responsable, qui reproche au gouvernement de faire payer aux « opérateurs honnêtes » les déviances commises par quelques-uns.

« Nos puffs ne sont pas déclinées en saveurs confiserie, présentent des packagings sobres et sont exclusivement distribués chez les buralistes » précise-t-il. « Il faut interdire les arômes de confiserie et ne pas incriminer l’ensemble des produits de vapotage, qui permettent de lutter efficacement contre le tabac, sans effet passerelle ».

•• Bien que snobés par le gouvernement, les acteurs du vapotage espèrent toujours que la France finira par rejoindre la voie de la Grande-Bretagne, qui a fait de la cigarette électronique l’un des principaux vecteurs de sa lutte anti-tabagisme.

Mais l’exécutif pourrait tout aussi bien choisir de suivre l’exemple de l’Australie, premier pays à bannir les cigarettes électroniques jetables sur son sol. L’exemple néocalédonien était également cité dans l’exposé des motifs de la proposition de loi de Francesca Pasquini : Nouméa a en effet interdit l’importation de ces cigarettes jetables, en avril 2022.