Le Baromètre de Santé publique France publié le 15 octobre 2025 révèle une chute inédite du tabagisme dans notre pays : en 2024, moins d’un quart des adultes fumaient, un niveau jamais atteint. Une victoire pour la santé publique à saluer sans réserve (voir les 15 et 16 octobre).
Mais derrière ces chiffres encourageants, de fortes inégalités sociales.
C’est ainsi que débute un communiqué de la fédération France Addictions que nous reprenons (voir le 31 mai).
Une baisse durable et spectaculaire du tabagisme en France
Une bonne nouvelle : pour la première fois depuis que Santé publique France mesure ces indicateurs, moins d’un quart des adultes fument !
24 % des 18-79 ans déclarent fumer, dont 17,4 % quotidiennement. Chez les 18-75 ans, la proportion de fumeurs est passée de 32 % en 2021 à 25 % en 2024 — une baisse continue engagée depuis 2016, confirmée après la parenthèse du Covid-19.
Le Baromètre de Santé publique France, publié le 15 octobre 2025, confirme que les ventes de tabac ont, elles aussi, chuté de 24 % depuis 2021, tandis que les ventes de traitements de sevrage ont bondi de 29 % sur la même période.
Cette baisse témoigne des efforts conjoints de prévention, de la hausse du prix du tabac (le paquet est passé de 10,92 € à 12,54 € entre 2023 et 2024) et d’un meilleur accompagnement des fumeurs par les professionnels de santé et de l’addictologie. Elle s’inscrit dans l’objectif du Programme national de lutte contre le tabac 2023-2027 : atteindre une génération sans tabac d’ici 2032.
Des inégalités sociales qui menacent les progrès
Mais malgré ces succès, les écarts sociaux restent criants. Les ouvriers fument ainsi 2,1 fois plus que les cadres (25,1 % contre 11,8 %), et les personnes déclarant des difficultés financières sont trois fois plus nombreuses à fumer que les autres (30 % contre 10,1 %). Le chômage joue également un rôle considérable : la prévalence du tabagisme atteint 29,7 % chez les personnes sans emploi.
Ces chiffres confirment le risque de voir la lutte contre le tabac profiter davantage aux catégories favorisées, au risque d’accroître les inégalités sociales de santé si des politiques ciblées ne sont pas renforcées. La Fédération Addiction appelle donc à adapter les dispositifs d’accompagnement aux publics les plus précaires et à maintenir des politiques de prévention accessibles à tous.
Parmi les outils efficaces, notamment auprès des publics précaires : le vapotage.
Les données s’accumulent, confirmant l’intérêt du vapotage pour arrêter de fumer : en 2023, la revue Cochrane établissait que la vape nicotinée est plus efficace que les substituts nicotiniques classiques pour maintenir l’abstinence au-delà de six mois. Le vapotage permet d’inhaler de la nicotine sans combustion, réduisant de près de 95 % les risques sanitaires selon les autorités sanitaires britanniques.
Dans ce contexte, la Fédération Addiction alerte sur les projets gouvernementaux de taxation des produits du vapotage, proposés dans le cadre du Projet de loi de finances 2026. Taxer la vape reviendrait à affaiblir l’un des leviers les plus efficaces contre le tabagisme et risquerait d’inciter certains ex-fumeurs à revenir vers le tabac fumé, infiniment plus nocif.
Accompagner tous les fumeurs vers l’arrêt
Plus de la moitié des fumeurs quotidiens (55 %) déclarent vouloir arrêter, mais seuls 17 % ont réussi une tentative de plus d’une semaine dans l’année écoulée. Ces tentatives sont plus fréquentes chez les personnes diplômées et socialement favorisées : pour la Fédération Addiction, les bons chiffres de la lutte contre le tabagisme ne doivent pas cacher l’importance de renforcer les dispositifs de proximité et de protéger les outils de réduction des risques plutôt que de les fragiliser.
Pour atteindre l’objectif de 5 % de fumeurs en 2032, il faudra consolider ces acquis : maintenir la fiscalité sur le tabac, développer l’accès au sevrage, préserver le rôle du vapotage et surtout lutter contre les inégalités sociales qui minent les politiques de santé publique.




