Épisode 31 de la revue de presse des témoignages sur la Transformation et le développement commercial des buralistes (voir 29, 26, et 18 mars).
Quand le virus a déboulé en France et obligé la plupart des commerces à fermer, le tabac-presse-épicerie de Marie-Pierre Ferland (présidente des buralistes du Lot-et-Garonne) est resté évidemment ouvert. Le seul du village de Colayrac-Saint-Circq (près d’Agen).
« Avec mon mari, on a travaillé tous les deux tous les jours de 6 h 30 à plus de 21 heures. Et il fallait aussi qu’on fasse des livraisons d’épicerie à des personnes du village » explique-t-elle à Sud-Ouest.
•• Car le couple de buralistes ne fait pas que vendre du tabac, des journaux ou du gazole.
Ils proposent aussi un vaste rayon alimentation, du pain (celui d’une des boulangeries de Colayrac), des livres, des petits cadeaux-souvenirs, des cigarettes électroniques, du café en gobelet, des grilles de loto ou des jeux à gratter, sans oublier de multiples services comme les doubles de clés ou les colis postaux.
•• Quand est annoncé le reconfinement, ils prennent une décision couvant depuis des années : transformer. Le 15 novembre, le tabac-presse ferme pour quatre jours : nouvelles étagères en bois clair, parquet et éclairages modernisés.
En même temps, une petite pièce mitoyenne est aménagée afin d’accueillir, au retour de la vie normale, les parieurs du PMU. « On pourra aussi servir des tapas ou des huîtres le dimanche matin », promet Marie-Pierre Ferland. « On a rouvert le jeudi. J’ai vécu deux des moments les plus émouvants de ma vie. Quand j’ai vu arriver le nouveau mobilier et puis surtout, quand les clients ont redécouvert le magasin. Tous avaient les yeux écarquillés et répétaient que c’était magnifique. »
•• Des clients, les Ferland en voient passer. Environ 700 par jour. De Colayrac ou des villages alentour qui n’ont pas la chance d’avoir un tel commerce. Et si Marie-Pierre rappelle que « le tabac est l’ADN d’un buraliste », elle précise que moins d’un client sur deux vient chez elle pour renouveler le paquet de cigarettes.
« Ça ne suffit pas pour nous faire vivre. » La moitié viennent aussi pour faire le plein d’essence ou retirer un colis, ils en profitent pour acheter un journal, une baguette ou le repas de midi, sans oublier un Banco ou un Keno, voire retirer de l’argent au distributeur Crédit agricole installé dans l’établissement.
Depuis la Transformation, le panier moyen d’un client a augmenté de deux euros. L’espace presse a en revanche été réduit : « on reçoit de plus en plus de publications, souvent volumineuses, qu’on ne vend pas toujours. Et la presse n’arrive qu’en cinquième position de nos recettes. »
Leur commerce s’est rebaptisé « Au cœur du village ». Sans lui, le village arrête de respirer, conclut Sud-Ouest.