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2 Mai 2022 | Profession
 

Déplacement en Corse pour Philippe Coy ces 29 et 30 avril. Au programme, tournée des buralistes et rencontre avec des élus, entouré de Philippe Valentin (président de la Fédération du Var) et de José Oliva (président de la fédération des buralistes de Corse). 

Quelle est la raison de votre venue à Ajaccio aujourd’hui ?

P. C. : Je viens pour partager l’actualité. Personne ne doit être oublié car c’est grâce aux échanges avec nos collègues que l’on peut aussi faire des propositions et évoluer sur tous les sujets comme l’orientation de fiscalité et la lutte contre le marché parallèle. C’est une source d’inspiration d’écouter les difficultés quotidiennes, mais aussi les solutions.

Car je vois des collègues très engagés par le métier de commerçant, pleins d’imagination pour créer de la diversité dans l’offre. La Corse est un exemple concret de souhait d’évolution du métier. 

Les points de vente ne sont plus mono-activité. Est-ce la seule manière pour les buralistes de s’en sortir économiquement ?

P. C. : Évoluer est une nécessité pour répondre aux demandes des clients et surtout perdurer.

On n’accompagne plus seulement le consommateur vers des besoins nouveaux concernant sa consommation de nicotine (tabac traditionnel, vapotage, tabac nouvelle génération, tabac chauffé), mais on lui propose aussi du service public (paiement de proximité pour régler ses taxes, amendes ou impôts) et du lien social (relais colis, billetterie pour les transports en train et bateau, distributeurs automatiques de billets prochainement).

Il existe un Fonds de transformation pour soutenir la filière. Faut-il aider les buralistes à transformer leur point de vente ?

P. C. : Il faut porter un regard nouveau sur le réseau de buralistes car c’est aussi l’occasion pour des jeunes de se réaliser en tant qu’entrepreneurs. C’est pour cela que la continuité de ce dispositif, qui prendra fin le 31 décembre, sera renégociée. 

Ce fonds est nécessaire pour accompagner chacun à la prise de décision, tout en étant dans un accompagnement économique de l’évolution du métier et de l’offre, grâce à son plafond d’aide de 33 000 euros pour chaque buraliste. En Corse, parmi les 215 établissements, 82 dossiers ont été déposés afin d’y prendre part et d’être accompagnés dans leur transformation. 

C’est d’ailleurs l’un des premiers départements de France à s’être engagé dans ce plan.

Qu’en est-il des marchés parallèles de tabac auxquels fait face la profession ?

P. C. : C‘est une lutte de tous les instants et l’action, déjà très présente auprès des Douanes et qui sera renforcée. En Corse, ces marchés semblent, pour le moment, quasi inexistants mais on doit rester vigilant, et la Direction régionale des Douanes de Corse fait un travail remarquable.

En Corse, on s’achemine vers l’alignement tarifaire des prix du tabac avec le continent. Quels peuvent en être les effets sur le consommateur ?

P. C. : Depuis le 1er janvier 2022, la Corse a commencé à rattraper cette différence en montant à 80 % du prix du paquet de cigarettes du national. Une progression de 5 % par an est prévue jusqu’au 31 décembre 2025.

Mais on n’exclut pas de rouvrir les discussions avec la Commission européenne pour revoir tous les paramètres calendaires à cause des perturbations (crise des Gilets jaunes, crise sanitaire, guerre aux portes de l’Europe jouant aussi sur les délais d’approvisionnement). En sachant que, depuis le début de l’année, une large baisse de l’activité est relevée bien qu’elle reste commune avec le Continent et probablement liée au contexte (Mois sans Tabac, pouvoir d’achat, Ramadan ). 

Qu’en est-il sur l’activité du buraliste ?

P. C. : Il peut y avoir de la casse. Déjà, les buralistes corses ont vu leurs tarifs augmenter, certes, mais surtout leurs commissions baisser. Les indicateurs sont inquiétants, on reste vigilants car il faut éviter un nouveau cataclysme dans le réseau. Les trajectoires fiscales et les éléments de rémunération sont à reconsidérer pour maintenir le marché dans le circuit légal des buralistes, maintenir une économie ainsi que des emplois.