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29 Mar 2014 | Observatoire
 

De l’art de la promotion scientifique …
Tabagisme passif
Une dépêche AFP de ce vendredi 28 mars relaie une étude publiée par la revue médicale britannique The Lancet mesurant « pour la première fois l’effet des lois anti-tabac sur la santé des enfants ». Avec pour résultat : une réduction « de l’ordre de 10% » des naissances prématurées et des hospitalisations d’enfants pour asthme … dès l’année suivant la mise en place de l’interdiction de fumer dans les lieux publics en Europe et aux Etats-Unis.

« Notre étude fournit la preuve que les interdictions de fumer ont des bénéfices considérables sur la santé périnatale et sur la santé de l’enfant », revendique le Dr Jasper Been de l’université de Maastricht (Pays-Bas). En l’occurrence, il s’agit de la compilation de onze études menées en Amérique du Nord et en Europe, passant en revue 2,5 millions de naissances et quelque 250 000 hospitalisations d’enfants pour asthme, intervenues entre 2008 et 2013.

On n’en sait pas plus (en particulier, les facteurs environnementaux pris en compte) … sauf que « les taux de naissances prématurées et d’hospitalisations d’enfants pour asthme ont diminué de 10%, l’année suivant l’entrée en vigueur de législations anti-tabac » (sic).

Dans un commentaire joint à l’étude, deux chercheurs de l’université de Californie (Sara Kalkhoran et Stanton Glantz) ne manquent de forcer le trait, en évaluant à 5 milliards d’euros les économies pouvant être réalisées chaque année grâce à une réduction de 10% des hospitalisations pour des problèmes respiratoires liés au tabagisme en Europe et aux Etats-Unis. Et de finir par un raccourci rapide : « on a rarement vu une intervention aussi simple améliorer la santé et réduire les coûts médicaux aussi rapidement et de manière aussi importante ».

Pour en rajouter dans la guerre des chiffres, la dépêche AFP reprend deux études. La première, publiée par The Lancet en 2011, estimait que les enfants « représentent plus d’un quart des 600 000 décès attribués au tabagisme passif chaque année ». La seconde de 2012 établissait un lien entre la mise en oeuvre de ces législations, avec une réduction de 15% des événements cardiovasculaires et de 24% des hospitalisations pour des problèmes respiratoires.

Certes, on ne saurait négliger de telles études. Mais cette médiatisation-choc et l’assurance froidement statistique de leurs conclusions laissent sceptique dès lors que l’on prend en compte la complexité et la difficulté d’interprétation des causes, bien souvent multiples, des pathologies observées. Ainsi, on a appris, par l’Organisation mondiale de la Santé, que la pollution était devenue le « pire de nos ennemis » (voir Lemondedutabac du 25 mars).