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31 Jan 2021 | Observatoire
 

Depuis le démarrage de la pandémie, de nombreuses observations, parfois contradictoires, ont été relayées concernant la Covid-19 et le tabagisme (voir 27 juillet, 29 juin, 29 mai et 22 avril).

À l’occasion du 25ème Congrès de Pneumologie de Langue Française, les pneumologues font le point sur cette interaction. La synthèse de Pourquoidocteur.fr. 

•• Les certitudes

75 000 Français sont décédés des suites du tabagisme en 2020, la Covid-19 a tué 68 000 de nos concitoyens.

Par ailleurs, il apparaît un lien statistique entre le fait d’être fumeur actif quotidien et le risque de contracter le coronavirus : ceux qui fument auraient entre 2 et 10 fois moins de risque de développer la maladie, selon des estimations rapportées à travers plusieurs dizaines d’études. « Une seule étude, de mauvaise qualité avec 98% de données manquantes, est discordante », estiment les pneumologues.

Autre certitude : le lien protecteur du tabac et de la Covid-19 n’existe pas chez les anciens fumeurs.

•• Les quasi-certitudes

« Le lien entre le tabagisme et la Covid-19 serait un lien causal » analysent les professionnels de santé. La nicotine est l’agent de la fumée le plus suspect d’être « protecteur », du fait de la présence de récepteurs nicotiniques proches de ceux de l’ACE2 (une protéine clé de la physiologie de la Covid-19).

Par ailleurs, les données d’une étude française conduite par Epi-Phare (un groupement constitué entre l’ANSM et la CNAM) montrent que les personnes sous substituts nicotiniques sont moins victimes de la Covid-19 que ceux qui n’en reçoivent pas.

•• Les sujets de discussion

D’autres données font débat dans la communauté scientifique: les variations du lien entre le tabac et la Covid-19 avec les nouveaux mutants restent totalement inconnues, mais sont importantes à évaluer.

Chez les ex-fumeurs, il existe une aggravation de l’évolution de la Covid-19 et de la grippe voisine dans toutes les études : ce qui révèle l’existence d’effets délétères à long terme du tabagisme identiques dans ces deux pathologies.

Chez les fumeurs actifs de longue date, les études rapportent une aggravation de la Covid-19 plutôt moindre qu’avec la grippe.

Chez les jeunes marins fumeurs actifs du porte avion « Charles de Gaulle » ayant pour la plupart un tabagisme assez récent (28 ans d’âge médian), le coronavirus est plutôt moins grave chez les fumeurs qui, s’ils sont malades, ont moins de toux et de dyspnée (difficulté respiratoire) et sont significativement moins souvent mis sous oxygène que les non-fumeurs.

•• Le Professeur Dautzenberg  explique les discordances des études sur la gravité du Covid-19 chez les fumeurs comme suit : « il existerait à côté de l’effet néfaste du tabac sur les voies respiratoires, un effet bénéfique paradoxal spécifique de la nicotine qui demande à être démontré. Cet effet de protection ne semble qu’atténuer les effets néfastes observés pour tous les virus chez les fumeurs anciens, mais chez les fumeurs récents, sans dégâts des voies respiratoires, le tabagisme peut très paradoxalement améliorer l’évolution de la Covid-19.

« L’explication de cet effet peut être liée soit à une moindre pénétration des virus et une moindre charge virale, soit à un effet sur la régulation de l’inflammation intracellulaire sous l’effet de la nicotine. »