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13 Août 2022 | Profession
 

Ils font partie de la petite dizaine de producteurs de tabac d’Anjou. Dans l’exploitation de Pascal et Jean-Christophe Socheleau à Chemillé-en-Anjou (22 kilomètres au nord de Cholet), on cultive cette plante depuis 1947 (voir 12 septembre 2020). 

« Il y a toujours eu du tabac à la Légeardière » explique Pascal dans Ouest France. « c’est d’abord le grand-père qui a démarré la culture après la guerre, en 1947. »

•• En 2001, les frères décident de passer au tabac blond, moins difficile à récolter et plus demandé. Sur leur ferme de 125 hectares, trois sont consacrés à la variété Virginie.

« Dans les années 70, à Chemillé, une ferme sur deux faisait du tabac » rappelle l’agriculteur, « et ceux qui n’en produisaient pas faisaient de la camomille, évidemment. » Dans le Maine-et-Loire, « 30 à 40 hectares » sont consacrés à sa culture. En France, environ 1 200 hectares, principalement en Alsace, en Dordogne et dans le Poitou, contre 20 000 hectares en 1970.

•• En 2019, la fermeture du dernier atelier de transformation de tabac, à Sarlat (voir 8 et 30 septembre 2019) est un coup dur pour les acteurs de ce secteur déjà fragilisé par la concurrence mondiale et l’arrêt des subventions européennes.

« Aujourd’hui, CT2F, la plus grosse coopérative de producteurs de tabac de France dont je fais partie, commercialise directement les productions », précise Pascal, « la spécificité de notre tabac, le Virginie, c’est qu’il est idéal pour la chicha. Une pratique très répandue au Moyen-Orient. »

•• Avec l’arrivée de la Covid-19, en 2020, Pascal et ses confrères producteurs ont eu quelques sueurs froides : « les négociations tarifaires sont généralement menées en mars ou avril. Mais en 2020, elles se sont achevées en août, alors que la récolte avait déjà démarré ». Les bars à chicha fermés, la mécanique s’est grippée. « La Covid-19 aurait pu être catastrophique. Finalement, cela n’a pas été le cas, les ventes ont fini par reprendre. »

La pandémie a poussé les fumeurs de chicha à consommer différemment : « ils fument davantage chez eux » indique le producteur, « l’an dernier, on avait à peine terminé la récolte 2021 que les clients se plaçaient pour celle de 2022. »

•• « Économiquement rentable », la culture du tabac continue pourtant de diminuer inexorablement en France. « Il y a déjà l’augmentation du prix de l’énergie, autour de 20 à 25 % » déplore l’exploitant agricole « le tabac est une plante qui demande aussi beaucoup d’eau. Avec la canicule, on a arrosé les parcelles deux fois par semaine, au détriment d’autres cultures. »

La récolte du tabac à la Légeardière doit commencer chez Pascal. Trois salariés se relaieront jusqu’à fin septembre sur un enjambeur-porte-cueilleurs. Une fois récoltée, la plante sera transférée dans des conteneurs puis séchée durant six jours dans de grands fours.

« On est loin de ce que l’on faisait dans le temps » se souvient-il avec le sourire, « à 10, 12 ans, on était à quatre pattes pour ramasser les feuilles avec le grand-père ! ». Photo : Ouest France