Le détenteur de la marque « Maison de la Presse » (le groupe NAP) demande au patron d’un tabac-presse, à Saint-Claud (1 000 habitants, 20 kilomètres de Confolens, Charente), de retirer son enseigne. Le buraliste nie utiliser frauduleusement ce nom et dénonce un « harcèlement ».
Une devanture flanquée des panneaux « Charente Libre » et « Loto » … une enseigne ornée d’un grand « Tabac » en rouge et en noir d’une « Maison de la presse »: tel est le cadre du litige selon La Charente Libre.
Ce 13 janvier, le buraliste a reçu une missive du groupe NAP, propriétaire de la marque « Maison de la presse », le sommant de retirer son enseigne d’ici le 1er février. « Utilisation frauduleuse » assure la mise en demeure assorti d’une facture de 63 648 euros si l’opération n’est pas réalisée à temps.
•• Le contentieux remonte à février 2020.
NAP se rend compte du nom du magasin … et prévient le buraliste : s’il souhaite garder son enseigne, il doit adhérer au réseau « Maison de la Presse » moyennant redevance, sinon il change de nom. « Je ne veux pas être franchisé, ça oblige à prendre leurs produits » proteste le commerçant, « j’aime mon indépendance. »
Pourquoi ne pas avoir changé de nom ? « On est en secteur protégé par les monuments de France, on ne fait pas ce qu’on veut. Ça a pris six mois pour modifier la couleur du store …alors pour une enseigne, vous imaginez … », plaide-t-il. Il avait demandé un délai pour se retourner, mais la crise sanitaire a bouleversé les agendas. Il croyait l’affaire enterrée. Pas NAP, qui le menace de 663 jours-astreinte (de mars 2020 à janvier 2022) à 80 euros HT.
•• « Je comprends la colère, mais il y a des gens qui paient une redevance pour utiliser ce nom » justifie Arnaud Ayrolles, le propriétaire de NAP (voir 11 décembre 2021 et 11 décembre 2019), « laisser faire, c’est comme acquiescer. »
À l’origine, les ex-Nouvelles Messageries de la Presse parisienne (NMPP) ont enregistré en 1968 la marque auprès de l’INPI. Mais la société avait autorisé les « magasins historiques » à conserver temporairement cette dénomination sans verser de redevance. « Mon enseigne est en place depuis quarante ans », défend le buraliste, qui a racheté le fonds de commerce en 2018.
Arnaud Ayrolles corrige : « l’autorisation temporaire court jusqu’au changement de propriétaire ». Selon Jacques Chesseboeuf, président de la délégation de Poitiers du syndicat Culture Presse : « le titre « Maison de la presse » est bien plus ancien que la marque. NAP n’a pas prise, c’est de l’intimidation. »
Le patron du tabac-presse affirme avoir reçu la visite d’une « commerciale de NAP », jeudi 20 janvier, après avoir relaté sa mésaventure sur Facebook : «elle m’a dit que ça ne se faisait pas … encore de la pression. » Las, il va céder, conclut La Charente Libre : « je ne peux rien faire, un avocat ça coûte. Je vais me retrouver avec une devanture vide, ça fait triste. »