Tout faire pour éviter le sort de la « puff » dont l’Assemblée nationale vient de voter l’interdiction (voir 4 et 5 décembre) … Tel serait l’objectif des fabricants de sachets de nicotine. Mais leur succès croissant est en train de provoquer une levée de boucliers. Éclairage de Keren Lentschner dans Le Figaro dont nous reprenons l’article.
L’Anses appelle ainsi à une vigilance particulière et met en garde contre les risques d’intoxications, essentiellement d’enfants et d’adolescents. L’agence sanitaire se prononce en faveur d’un cadre réglementaire pour ces produits qui échappent à toute législation, y compris celle qui encadre la vente de tabac et de produits de vapotage (voir 1er décembre).
« Les sachets de nicotine sont un moyen d’attirer de nouveaux publics vers la consommation, pour qu’à la fin, ils en viennent à la cigarette », a dénoncé de son côté le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, qui a présenté la semaine dernière son Plan de Lutte contre le Tabac (voir 28 novembre). Si la France songe à réguler l’usage ces sachets, la Belgique a été la première à sévir, en interdisant leur vente (voir 28 mars).
•• Encore embryonnaire en 2022, ce marché a atteint 21 millions d’euros dans l’Hexagone depuis le début de l’année, selon les estimations de la profession recueillies par Le Figaro. 60 millions de sachets auraient ainsi été écoulés. Les ventes devraient doubler en 2024 pour atteindre 47 millions d’euros.
« Nous avons constaté une hausse de 50 % de nos ventes depuis huit mois » observe Norbert Neuvy, à la tête du site spécialisé Nicopouches qui compte 15 000 clients. « Ce produit est perçu comme une alternative au vapotage, moins contraignant que les e-cigarettes dans son utilisation, un moyen d’aider les fumeurs avec une approche différente. »
•• Cette progression du marché a été tirée par le buzz autour du produit sur les réseaux sociaux ainsi que par l’arrivée de BAT. Depuis le début de l’année, sa gamme de sachets de nicotine aromatisés (menthe, fruits rouges…), vendue sous la marque Velo autour de 7 euros le paquet, est disponible dans plus d’un tiers des bureaux de tabac et sur internet.
Elle a pris l’ascendant dans un marché encore très fragmenté. Il existe en effet une cinquantaine de marques vendues en ligne, dans les boutiques de vape et les épiceries de quartier. La plupart sont importées (Volt de Swedish Match, Skruf d’Imperial Brands, White Fox du suédois GN Tobacco…). Des marques de fabricants français d’e-liquides (Dlice, Fuu…) ont également percé.
Le cigarettier Imperial Brands (Seita) réfléchit à un éventuel lancement dans l’Hexagone.
•• Le marché est également en forte croissance en Europe : après avoir atteint cette année près de 800 millions d’euros, il pourrait dépasser le milliard en 2024 – les marques Velo et Volt étant dominantes.
Pour ne pas voir interdit le produit, les fabricants prônent une limitation du taux de nicotine à 20 mg, ainsi que des arômes.