Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a lancé ce 25 septembre sa « nouvelle campagne contre la banalisation de la consommation d’alcool chez les jeunes ». « Garder un œil sur tes potes en soirée, c’est la base », « Ne pas insister si tes potes ne veulent pas consommer, c’est la base », « Raccompagner tes potes s’ils ont trop bu, c’est la base » … proclament trois des huit panneaux publicitaires.
Menée en partenariat avec le média Konbini, et Santé publique France, cette campagne se concentre sur « un discours pair à pair », précise-t-elle. En clair, les autorités sanitaires veulent « responsabiliser » les amis des buveurs, espérant qu’ils dissuaderont leurs amis de consommer de l’alcool avec excès.
« Diffusée jusqu’au 8 novembre, elle vise à sensibiliser les jeunes et limiter les risques et les dommages liés aux consommations importantes d’alcool et de cannabis », fait savoir le ministère.
•• Mais pour une partie du monde médical, cette campagne n’incite pas à réduire sa consommation d’alcool. Pire même, selon eux, elle la banalise en s’abstenant d’évoquer les effets dangereux des boissons alcoolisées, rapporte Les Échos.
« Voici donc la campagne sur l’alcool qui a franchi la censure élyséenne. Les alcooliers peuvent être tranquilles : elle ne contient aucun message de réduction de consommation », a réagi sur X (anciennement Twitter), le sénateur et médecin Bernard Jomier. « Du jamais vu. » Selon lui, « le Chef de l’Etat ne veut pas de messages qui réduisent la consommation d’alcool ».
Il y a deux semaines, une polémique avait déjà touché le ministère de la Santé. La cellule investigation de Radio France avait révélé que l’avenue de Ségur avait retoqué deux campagnes de prévention sur l’alcool.
« Chez les 15-34 ans, la consommation d’alcool est responsable d’un décès sur quatre. 1 sur 4… Donc on comprend qu’une campagne de lutte contre l’alcool chez les jeunes cherchant à banaliser cette pratique avec des visuels souriants choque », a réagi l’oncologue Jérôme Barrière, sur X. « Alcool et fête semblent faits l’un pour l’autre dans cette campagne », a également jugé le pneumologue François Vincent sur le réseau social.
•• De son côté, le ministère défend un choix stratégique : encourager les jeunes à éviter les risques, plutôt que les inciter de manière illusoire, selon lui, à l’abstinence. « La réalité est là », avance un responsable du Ministère, citant des chiffres de Santé publique selon lesquels quatre cinquièmes des jeunes de 17 ans ont déjà consommé de l’alcool.
Santé publique France défend également cette stratégie, rappelant qu’elle évalue régulièrement la manière dont les messages de santé publique sont reçus par les jeunes. « On s’appuie sur nos données d’observation : c’est parce que cette stratégie de réduction des risques fonctionne bien qu’on a voulu la poursuivre », avance Viêt Nguyen Thanh, responsable de l’unité dédiée aux addictions au sein de l’agence.