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17 Déc 2021 | Trafic
 

Dans son édition du 16 décembre, Le Monde retrace la découverte par une équipe douanière du hangar situé près de Meaux (Seine-et-Marne) où se trouvait tout le nécessaire à la fabrication de cigarettes de contrefaçon (voir 14, 15 et 16 décembre).

Le hangar, entouré de voitures cabossées, n’attirait guère les regards. Au bout d’une impasse de la zone industrielle de Poincy (Seine-et-Marne), ce garage isolé était dans le collimateur des enquêteurs du comité opérationnel départemental antifraude. C’est pour débusquer une situation de travail dissimulé que des agents de la police de Meaux, accompagnés d’un contrôleur de l’Urssaf, se sont rendus sur les lieux, jeudi 9 décembre, en début d’après-midi.

•• Intrigués par la nervosité des soi-disant garagistes, ils se rendent dans un hangar attenant, poussent une autre porte. Là, isolé derrière des cloisons en placo fraîchement montées, les enquêteurs découvrent un atelier de production de cigarettes de contrefaçon. L’équipe des douanes, appelée en renfort sur les lieux, confirme l’intuition des policiers : de la fabrication à l’empaquetage sous blister, toute une ligne de production, prête à l’emploi, occupe ce vaste hall froid de 50 mètres de long.

Les constatations ne laissent pas place au doute. Outre les machines en ferraille, visiblement défraîchies, les agents saisissent plus de 3,5 millions de filtres à cigarettes, 850 000 paquets contrefaits de Marlboro, douze bidons de 20 litres de colle, et tous les accessoires d’une petite usine autosuffisante. Au total, de quoi écouler une marchandise estimée à plus de 4,5 millions d’euros.

Toutefois, « seuls 80 kilos de tabac ont été retrouvés sur place » précise Pierre-Philippe Lidureau, chef du pôle d’orientation des contrôles, présent lors de l’opération. « Il semble que les machines aient été récemment calibrées. Elles étaient prêtes à débiter des cigarettes. Ne manquait que la matière première. »

•• D’après l’administration douanière, il s’agit là du premier démantèlement, en France, d’une usine de cigarettes clandestine. Ces derniers mois, c’est essentiellement en Pologne et en Belgique que des ateliers dissimulés de ce type ont été découverts (voir 29 novembre et 4 février).

« On observe un rapprochement des lieux de fabrication vers les consommateurs », note une autre source proche du dossier. Sur les paquets contrefaits saisis en Seine-et-Marne, les inscriptions étaient d’ailleurs en langue française. Une évolution du trafic qui tient à la hausse des taxes sur le tabac, à l’effet du confinement, qui a limité les approvisionnements directs à l’étranger, et, enfin, à l’essor des réseaux sociaux pour la vente à domicile.

•• D’une affaire à l’autre, les constatations varient peu. Autour des machines, on trouve essentiellement des ouvriers et techniciens venus d’Europe de l’Est, vivant et travaillant sur place, sans voir la lumière du jour.

Les cinq individus présents à Poincy semblent être eux aussi des « »petites mains « . À quelques pas de la ligne de production, un bloc sanitaire et une poignée de lits de camp miteux témoignent des conditions de travail des manutentionnaires. « Deux hommes, parlant russe, étaient présents dans le hall des machines lors de l’opération de contrôle. Ils n’ont pas nié leur implication dans la production de cigarettes contrefaites », précise M. Lidureau.

À l’issue de l’intervention des douanes, un Ukrainien de 62 ans et un Moldave de 33 ans ont été mis en examen pour fabrication de tabac, détention de documents justifiant une contrefaçon et détention de marchandises illégales en bande organisée. Ils ont été placés en détention provisoire. L’information judiciaire, ouverte le 11 décembre à la juridiction interrégionale spécialisée de Paris, se poursuit.