Acte 2 de la campagne de sensibilisation grand public de l’Alliance contre le Tabac / ACT.
Après un message de vœux (« L’industrie du tabac vous souhaite une mauvaise année 2023 » / voir 5 janvier) en forme de faire-part, l’association dénonce les méfaits du tabac sur le pouvoir d’achat.
« L’objectif est de montrer que le tabagisme n’est pas seulement un sujet de santé publique mais aussi un enjeu de justice sociale, à l’heure de l’inflation et de la crise énergétique » explique au Parisien Marion Catellin, directrice de l’ACT.
Les fumeurs se privent en effet de 207 euros en moyenne par mois, qu’ils dépensent pour l’achat de leurs cigarettes.
•• D’autant que l’ACT estime que les Français ne sont pas tous égaux devant cette addiction. « Aujourd’hui, on compte près de deux fois plus de fumeurs quotidiens parmi le tiers de la population française dont les revenus sont les moins élevés, par rapport à ceux ayant les revenus les plus élevés » pointe le rapport.
Plusieurs raisons expliquent cela : l’effet « béquille émotionnelle » de la cigarette dans les situations stressantes et difficiles comme la recherche d’emploi ou sa « fonction sociabilisante » qui serait particulièrement recherchée par les plus défavorisés. Or chez les personnes vivant sous le seuil de pauvreté, le tabagisme peut représenter jusqu’à 30 % des dépenses d’un ménage. « Il s’agit d’une double peine pour ces personnes : au-delà d’aggraver les inégalités de santé, la consommation de tabac creuse les inégalités sociales » résume Marion Catellin.
•• Face à ce constat, l’ACT a adressé aux pouvoirs publics une série de recommandations.
Parmi elles : le remboursement à 100 % par l’Assurance maladie des substituts nicotiniques (aujourd’hui remboursés à 65 %), soutiens bienvenus lorsque le fumeur prend la décision d’arrêter. « Si la prescription était intégralement remboursée, plus des trois quarts des fumeurs estiment qu’ils seraient plus motivés à arrêter de fumer » estiment les auteurs de l’étude.
L’ACT souhaite également tester au niveau national un système d’incitations financières coordonnées à l’arrêt de la cigarette. Un dispositif dont l’efficacité a été prouvée au Royaume-Uni et aux États-Unis, selon l’association.
•• Concernant les « vœux » mettant en cause l’industrie du tabac, « l’idée est aussi de questionner la légitimité des cigarettiers qui vendent la mort à un consommateur sur deux » explique la directrice de l’ACT.
Car si certains consommateurs se ruinent pour subvenir à leur besoin de fumer, l’industrie du tabac réalise chaque année 21,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires uniquement en France, toujours d’après l’ACT.