Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
7 Mai 2018 | Observatoire
 

Sur le site Internet de Génération Libre, son think-tank, le philosophe et essayiste libéral Gaspard Koenig (voir Lmdt du 25 janvier 2018, 19 février 2016 et 17 juillet 2015) a publié, ce 6 mai, un rapport d’experts en faveur d’une légalisation du cannabis.

Dans le Journal du Dimanche, il dévoile l’essentiel de ses idées.

•• Sur l’importance du cannabis en France

« On estime à 5 millions le nombre de consommateurs occasionnels en France (voir Lmdt du 25 juin 2017). Quelque 17 millions de Français ont fumé du cannabis au cours de leur vie (…)

« Une légalisation permettrait une consommation plus responsable, d’éliminer les trafics, de faire de véritables campagnes de prévention, de mieux soigner ceux qui veulent l’être, de proposer des produits de meilleure qualité.

« L’exemple du Colorado (voir Lmdt des 14 octobre 2017 et 23 juin 2016) nous enseigne que la légalisation n’entraîne pas d’explosion de la consommation et a plutôt conduit à une diminution chez les jeunes. »

•• Sur la dangerosité du produit

« Le cannabis est moins addictif que le café et n’entraîne pas d’overdose : tant que la consommation reste raisonnable, et hors cas d’épilepsie, il ne provoque pas d’effets de long terme sur l’organisme. En tout cas, pas plus que le sucre ou l’alcool … »

•• Sur les perspectives agricoles

« La France pourrait réorienter une partie de son agriculture et même devenir leader, du fait du poids de son marché intérieur.

« Des entreprises de cannabis sont en train de se monter un peu partout en Europe. »

•• Sur les perspectives fiscales

« Cela dépend du taux de TVA et d’éventuelles taxes spécifiques. Ce qui est certain, c’est que cela enlèverait l’argent du marché noir pour le remettre dans le circuit classique. Et surtout, cela permettrait de transformer les petits dealers hors la loi en entrepreneurs intégrés à la société. »

•• Sur l’organisation de la fabrication et de la distribution

« Dans le contexte français, on aime bien ce qui est public …Ce pourrait être une première étape : l’Uruguay (voir Lmdt du 21 mars 2014) a choisi ce modèle.

« Mais les monopoles sont synonymes de rentes et n’encouragent pas la créativité, alors que le cannabis, comme tout produit, peut faire l’objet de nombreuses innovations :  avec l’huile de cannabis pour le vapotage, par exemple (…)

« Profitons des expériences en cours à l’étranger : la Californie (voir Lmdt des 31 décembre 2017 et 6 janvier 2018) a eu l’intelligence d’accorder des licences de vente de cannabis en priorité à ceux qui avaient été condamnés pour trafic de cannabis (…)

« Je plaide pour un marché régulé dans lequel la concurrence puisse se développer, avec un système de licences et des produits conformes aux normes sanitaires. »

•• Sur la traçabilité

« Au Colorado, il y a des contrôles tous les quinze jours sur les sites de production, où les plantes sont étiquetées individuellement pour assurer la traçabilité jusqu’au produit final. »

•• Sur les réactions des consommateurs

« Le public est demandeur d’un produit légal. On l’a vu dans le Colorado. Au départ, un marché parallèle a perduré avant de péricliter malgré des prix plus bas parce que les gens préfèrent acheter un peu plus cher des produits sûrs et de qualité.

•• Sur l’agenda

« Je comprends que ce soit politiquement difficile. Mais des élus, notamment dans les quartiers où le trafic sévit, comprennent l’intérêt de la légalisation.

« Les sondages montrent que l’opinion publique est prête.

« J’ai l’espoir que d’ici la fin du quinquennat une fenêtre s’ouvre … »