La publication d’un rapport parlementaire sur la « contraventionnalisation » de l’usage et de la détention de cannabis suscite un tas de réactions (voir Lmdt des 21 et 23 janvier 2018). La tendance consistant surtout à regretter la grande prudence du Gouvernement en la matière.
Ainsi, ces deux prises de position en faveur d’une légalisation, venant d’horizons différents, publiées ce 24 janvier :
•• Gaspard Koenig (philosophe et président du think tank Génération Libre / voir Lmdt du 19 février 2016) dans Les Échos : « Cet anachronique débat sur la contraventionnalisation repousse d’autant celui que nous devrions avoir sur la légalisation (…)
« En ce sens, c’est la prohibition qui me semble criminelle, en nourrissant trafic et délinquance, tandis que la légalisation respecterait les choix personnels de citoyens adultes (…)
« Mais sans même en appeler aux libertés individuelles, de simples considérations de santé publique devraient suffire à emporter la conviction : avec la légalisation vient la régulation, qui permet le contrôle du produit, la protection du consommateur et le déploiement de politiques de prévention (en particulier à l’égard des mineurs).
« Sans compter les bienfaits de l’innovation dans un marché concurrentiel : les e-cigarettes au THC que j’ai pu tester au Colorado procurent le même effet relaxant sans le véritable poison qu’est la nicotine souvent contenue dans le joint. Et quand je vois l’hystérie qui se propage aujourd’hui sur les réseaux sociaux, je ne peux m’empêcher de penser qu’un usage raisonné du cannabis serait un bienfait pour le débat public. »
•• Jonathan Bouchet-Petersen (chef du service France de Libération) : « Alors qu’on s’oriente vers la mise en place d’une contravention délictuelle pour les consommateurs, le chef de l’État passe à côté des enjeux sur un sujet qui n’a rien de mineur.
« En matière de santé publique et de prévention, dans un pays où 17 millions de personnes ont déjà expérimenté la résine ou l’herbe (1,4 million d’usagers réguliers, dont la moitié fume au quotidien / voir Lmdt du 25 juin 2017). Mais aussi en matière de lutte contre l’insécurité et la criminalité inhérente au trafic, alors que les règlements de comptes sanglants endeuillent régulièrement des familles en régions parisienne, marseillaise ou grenobloise. Et que le « shitsystème » est une nuisance quotidienne pour de nombreux citoyens (…)
« (…) Le Canada (voir Lmdt du 16 novembre 2017) vient de lever l’interdiction au niveau fédéral et la légalisation y sera effective le 1er juillet. Avec à la clé, entre 700 millions et 1 milliard de dollars de recettes fiscales. Jackpot aussi en Californie ou dans le Colorado (voir Lmdt du 6 janvier 2018) avec nombre de créations d’emplois et une baisse de la criminalité. »